jeudi , 25 avril 2024
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Les autorités de fait semblent hésiter entre affronter des sanctions internationales recommandées par l’Union Africaine et appliquer la charte et les accords politiques signés à Maputo et Addis Abeba non sans quelques aménagements. L’effort de donner à des initiatives unilatérales un esprit de consensus n’a pas suffi. Les sanctions risquent de provoquer une nouvelle crise dans la crise.

Sanctions internationales : la HAT stoïque et un brin provocatrice

La HAT opte pour la surenchère et multiplie les mesures « unilatérales » à l’approche de l’ultimatum fixé par l’Union Africaine et le Groupe international de contact. Après le nouveau code électoral adopté en conseil des ministres, les autorités de fait se livre à une véritable course contre la montre pour défendre la feuille de route unilatérale de sortie de crise et rejeter la charte de Maputo signée par Andry Rajoelina et les trois autres chefs de file de mouvance politique. La composition de la Commission électorale nationale indépendante à annoncer quelques heures avant une éventuelle annonce de sanctions est un argument supplémentaire.

Les représentants de la société civile ont joué le jeu ; ceux qui ont été sollicités par la HAT ont accepté d’intégrer la CENI. La HAT doit piocher dans les partis politiques de l’opposition et extérieurs aux trois mouvances. Cette opposition élargie servira à faire passer la pilule. L’ordre des magistrats a donné un nom à l’issue d’un vote. Par contre, la HAT propose un ancien président de l’ordre des journalistes et non moins conseillers de son premier ministre Camille Vital. La grande famille de la presse n’a pas été consultée pour, faute de temps d’organiser une assemblée générale. Par contre, le calcul politique prend le dessus sur la bonne foi puisque l’ordre des journalistes a un président en activité mais qui a été élu sous le régime… Ravalomanana.

Il est difficile pour la HAT de faire plier les trois autres mouvances aux résolutions de l’atelier Teny ifampierana. En fabricant un consensus élargi, la mouvance Rajoelina espère enterrer la charte de Maputo mais prétend en garder l’esprit. Le gouvernement d’union nationale sera dirigé par Camille Vital, le premier ministre de la HAT qui n’a pas été reconnu par Didier Ratsiraka comme faisant partie de sa mouvance. La solution malgacho-malgache de la HAT écarte de facto les trois autres mouvances signataires de la charte de la transition consensuelle et inclusive. De plus, la manœuvre de la mouvance Rajoelina à faire voter par ses partisans une élection législative afin de mettre en place une assemblée constituante ne sert pas forcément sa cause.

Ce scrutin est logiquement boycotté puisqu’il vise à légitimer la transition de fait et à esquiver l’épreuve du référendum pour une deuxième constitution Rajoelina, la première étant l’ordonnance portant une réorganisation personnelle de la transition en décembre 2009. Le premier ministre de la HAT fait des déclarations choc s à la veille de la fin de l’ultimatum de l’UA. En gros, Camille Vital insiste sur l’organisation d’une élection et affirme que la marche arrière n’est pas une option.  Quoiqu’il en soit, le TGV n’est pas près de sortir du tunnel.

Même si les sanctions internationales ne signifient pas « la fin du monde » ni la fin de la HAT, elles marquent le début d’une crise nouvelle. Des membres influentes de la mouvance Rajoelina profèrent des menaces à peine voilées contre « des malgaches qui demandent à ce que d’autres malgaches sanctionnés ». La HAT risque de renforcer la pression sinon la répression sur les opposants, en particulier les trois mouvances Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy. Le premier ministre Vital illustre la volonté des autorités de fait à encaisser ces sanctions, faisant croire que de telles pressions ne feraient pas revenir le TGV ni à repartir de Maputo.