jeudi , 28 mars 2024
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Sénat : on ne peut que faire du vieux avec du vieux !
Honoré Rakotomanana n'est pas "cravate bleue" mais quand on y regarde de près... il affiche la couleur.

Sénat : on ne peut que faire du vieux avec du vieux !

Cela faisait quelques mois que l’on s’étonnait d’une certaine insistance de l’éminent juriste Honoré Rakotomanana pour briguer le poste de président du Sénat. C’est désormais chose faite. Il est devenu le favori, le seul, et a été élu par ses pairs. Cette pseudo-ouverture témoigne toute de même de la pauvreté du jeune parti HVM en matière d’hommes d’Etat à même d’occuper le poste de chef d’institution, sinon la méfiance du président de la République envers ses amis politiques.

Après un bref passage en 2001 et 2002, Honoré Rakotomanana est redevenu président du Sénat. L’homme n’a plus une santé de fer, en témoigne sa façon de se déplacer par petits pas, signe d’un âge bien avancé. Peu importe, il a encore toute sa tête est demeure une encyclopédie vivante des Constitutions et des lois y afférentes. L’on ne peut que s’interroger sur son poids politique à un poste où l’on attendait un de barrons du HVM, dont le président du parti Rivo Rakotovao lui-même ou encore l’actuelle ministre des Affaires Etrangères Attalah Béatrice. « Nommer un vieux sage qui ne pense qu’aux lois et surtout pas au pouvoir n’est pas fortuit, explique un membre du parti au pouvoir. Cela signifie que le président ne veut pas permettre à un second couteau d’avoir plus d’ambition qu’il ne devrait ». Selon lui, le statut de deuxième personnage de l’Etat et de remplaçant éventuel du chef de l’Etat est le véritable intérêt de la fonction de président du Sénat. C’est Roger Kolo qui en paie les frais, l’ancien premier ministre n’aura pas un deuxième retour d’ascenseur.

Mission révision de la Constitution

On peut admettre qu’Honoré Rakotomanana ne veut pas devenir chef d’Etat et ne constitue pas une menace pour Hery Rajaonarimampianina. Sa nomination serait motivée par la nécessité d’avoir un fin juriste qui connait sur le bout des doigts le mécanisme constitutionnel. D’ailleurs, le tout nouveau président du Sénat ne cache pas son jeu, il annonce un projet de révision de la Constitution. On ne sait pas si ce médecin après la mort pourra donner à l’actuel régime un peu de légitimité après des violations répétées et des interprétations plus que douteuses de la loi fondamentale. On peut par exemple jeter aux oubliettes le fameux article 54 qui a été conçu pour permettre au parti d’Andry Rajoelina d’avoir le poste de premier ministre. On peut enlever le délai imposé, qui a été totalement ignoré par l’actuel chef de l’Etat, dans la mise en place de la Haute Cour de Justice. Les articles sur la mise en place des collectivités décentralisées pourraient aussi être amendés. Rappelons que ces sénateurs censés représenter la province ont été élus par des représentants des communes, sans que les conseillers et chefs de l’exécutif au niveau des régions et des provinces elles-mêmes n’aient été élus.

La raison d’être du Sénat est de favoriser le débat démocratique puisque la future loi est examinée et discutée une seconde fois. La Chambre haute sera une sorte de police d’assurance pour l’actuel exécutif qui n’est pas à l’abri d’une énième volte-face des députés. Le recours à la mallette et à la distribution de grosse enveloppe en plein jour dans la cour de l’Assemblée nationale ne seront plus les premières options. La sur-représentation du HVM n’a pas permis de faire du Sénat un propulseur de légitimité. Une ouverture bancale à coup de repêchage politique a presque mis fin à la crédibilité de l’Institution. Mais au moins, il y aura un semblant de stabilité.

A.H