jeudi , 28 mars 2024
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L’assemblée nationale risque d’être désacralisée par ces députés nommés par la HAT sur proposition de ses alliés. La première session du congrès de la transition n’a été qu’une mise en scène politique. Trop occupée à s’organiser en interne, l’institution de la HAT n’a pas eu le temps de traiter les vraies questions.

Un congrès monté de toute pièce : démocratie en danger

Les députés de la HAT n’ont pas eu le temps de voter des lois mais ils ont l’intention de le faire. La transition de fait continuera donc à légiférer non plus seulement par voie d’ordonnance. La démocratie est en danger. Ces lois commanditées par l’autorité de fait n’ont de légitimé que le plébiscite de la conférence nationale unilatérale du TGV et de ses alliés.

Cette institution dont la légalité est à prouver va décider des questions importantes comme s’ils avaient un vrai mandat d’élus. La question de l’amnistie est compréhensible. Même le président du congrès de la HAT pourrait en bénéficier alors qu’il est techniquement exclu car ses procès politiques sont basés sur des faits datant de 2009.

Contrôlé par le TGV et ses alliés, le congrès de la HAT n’aura pas à jouer un rôle de contre-pouvoir qui est exigé dans une transition démocratique. Il se propose pourtant de voter des lois sur des faits de société permanents, dépassant le cadre et la période de la transition. Le code de la communication pourra être voté avec la promesse de la prison pour les journalistes.

La loi sur la concurrence passera-t-elle sans réels débats alors que l’on soupçonne la connivence des autorités de fait avec certains intérêts économiques. Une loi sur les partis politiques risque de viser les actuels opposants à l’image du projet de Constitution que la HAT fait voter par référendum.

Le « faux » TIM pour la reconnaissance internationale

Raharinaivo Andrianatoandro, le chef de file des dissidents TIM ayant passé un « accord politique » avec Andry Rajoelina n’a pas eu du mal à convaincre les « députés » désignés par la HAT pour l’élire à la tête du congrès de la transition. Réels compromis ou simple manœuvre, les deux parties veulent convaincre la communauté internationale sur une improbable sortie de crise. Les dissidents des partis issus des trois mouvances n’ont pas eu l’impact souhaité.

Raharinaivo Andrianantoandro défend-t-il son siège en abondant dans le sens unilatéral de la HAT. Pour le président du congrès de la HAT, « les partis politiques n’ont plus qu’à signer les décisions prises à la réunion d’Ivato et de Vontovorona ». Cette inclusivité et consensus postdatés confirmeront les résolutions prises par les alliés diversifiés de Andry Rajoelina. « Après signature de cet accord d’Ivato, d’autres discussions sont possibles », renchérit Raharinaivo Andrianantoandro, marchandant le dialogue avec les autres mouvances.

Si les TGV gardent le contrôle la tête du faux sénat ou le Conseil supérieur de la transition, ils font mine de lâcher du lest dans le Congrès de la transition, laissant volontairement la présidence de cette institution de la transition bis à l’ancien opposant Raharinaivo Andrianatoandro mais tout en gardant le contrôle avec ses alliés. La présence du dissident TIM au perchoir n’est donc que symbolique.

Le plus grand du paradoxe, l’une de ces bizarreries politiques dont les malgaches ont le secret, est cette amnistie de fait promise à l’ancien président du TIM. Pour le mériter, Raharinaivo Andrianantoandro a fait un mini coup d’Etat au sein de son parti afin de récupérer la présidence. Instrumentalisé par la HAT, il a tout à gagner plutôt que de redevenir un prisonnier politique. Pourquoi la HAT et la TGV ont-ils choisi comme président du congrès un homme qu’ils ont rendu non amnistiable, amnistie sélective oblige ? Ils pourraient toujours le renier si la mission de la reconnaissance internationale échoue.