jeudi , 25 avril 2024
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Menteur, menteur. Andry Rajoelina accuse les chefs de file de mouvance, en particulier Marc Ravalomanana, de mentir en niant l’existence d’un accord préétabli ou de principe sur la signature de la feuille de route française. Fetison Andrianirina de la mouvance Ravalomanana affirme quant à lui que le président de la HAT ne dit pas toute la vérité.

Un poker mensonge autour du rendez-vous manqué de Pretoria

Il devait y aller seulement si l’ordre du jour se limitait à la signature… Andry Rajoelina savait bien que son préalable n’était plus assuré mais il est quand même allé à Pretoria. Convaincu que le président évincé Marc Ravalomanana allait signer l’accord français, le jeune président de la HAT est venu. Il s’en est tenu à un présumé accord verbal entre les deux parties pour signer le protocole d’accord en question. « Je suis parti non pas pour débattre mais prêt à apposer ma signature », dit-il.

Andry Rajoelina n’hésite pas de traiter les anciens présidents de « menteurs ». Il leur reproche d’avoir promis de signer à blanc l’accord français sans négocier quoique ce soit. « Il faut cesser les mensonges » a-t-il martelé après Pretoria. Le mensonge en question se porte, selon Andry Rajoelina sur le non existence d’un accord de principe avant le rendez-vous sud-africain. « Il est étonnant qu’un ancien président fasse mentir les ambassadeurs de la France et de l’Afrique du sud », avance-t-il.

Sommé de montrer une preuve d’un tel préaccord et prouver la volte-face supposée de Marc Ravalomanana, le président de la HAT sort une déclaration officielle à l’endroit des médias par les ambassades de France et de l’Afrique du sud datée du 23 avril 2010. « Il est dit dans ce communiqué que l’objet de la réunion de Pretoria est la signature des grandes lignes d’un accord déjà accepté par l’ancien président et Andry Rajoelina », précise… Andry Rajoelina. Il n’y a point de document signé de Marc Ravalomanana.

Même l’intervention d’un responsable au  Quai d’Orsay n’enlève pas le doute sur un incroyable accord de signer une feuille de route française sans en débattre. Pourquoi la France et Andry Rajoelina redoutent-ils de soumettre leur proposition aux négociations. « Si des pays comme l’Afrique du sud et la France font une proposition, c’est qu’il est constaté que la situation est bloquée », se justifie le chef de l’autorité de fait.

Pour accuser Marc Ravalomanana d’être le facteur de blocage, le jeune TGV trouve un argument inattendu. « J’ai accepté de signer à Maputo », dit-il, estimant que les autres auraient dû faire autant à Pretoria. « Il n’y avait qu’une seule personne qui était disposée à résoudre le problème et signer l’accord », insiste-t-il.

Bien avant le départ pour Maputo, les trois mouvances ont affirmé ne pas connaître le contenu du protocole français. Fetison Andrianirina a rapporté que le document a été bien aux mains de Marc Ravalomanana trois jours avant le rendez-vous de Pretoria. Il dément toutefois l’existence d’un quelconque préaccord. Que la France ait pu imposer comme cela une feuille de route et balayer la charte de Maputo et l’acte additionnel d’Addis Abeba paraît peu vraisemblable. Croire que l’aura de la France rendait les négociations inutiles et la signature obligatoire relève de la naïveté politique.  

La déclaration finale lue par le médiateur Joaquim Chissano dément la thèse du gros mensonge dénoncé par Andry Rajoelina. Il a été dit que « les consultations étaient fructueuses » même si certains n’étaient pas disposés à négocier. Andry Rajoelina dit qu’il n’ira plus à Pretoria pour un deuxième rendez-vous. Or, Joaquim Chissano a déclaré que « les leaders de mouvance se sont engagés à se rencontrer dans 15 jours en Afrique du sud pour résoudre les questions en suspens ». Qui va-t-on traiter de menteur.