jeudi , 28 mars 2024
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Les opposants à la HAT n’ont pas fait campagne pour le non au projet de constitution de Andry Rajoelina mais pour le non au référendum. L’autorité de fait et ses forces de l’ordre ont alors réduit au silence des opposants plongés dans leur consternation et incompréhension. En même temps, le président de facto a mené une campagne officiellement pour le référendum intervenant même après la fermeture de la campagne.

Une campagne référendaire sans liberté d’expression

La campagne référendaire a été fade, sans passions, sans débats. Finalement, ce sont les arrestations d’opposants et la répression des manifestations politiques contre le pouvoir qui ont donné un peu d’animation à un contexte de « propagande » dominé unilatéralement par la HAT et le TGV. Et pourtant, le comité pour le Oui espérait avoir un adversaire car le monologue était loin de le valoriser.

Les anciens parlementaires TIM et la mouvance Ravalomanana ont dénoncé les arrestations politiques durant une campagne électorale. Ils s’insurgent contre la violation des droits de l’homme et la violence politique exercée sur les opposants à l’autorité de fait. Ils contestent toujours la décision unilatérale d’imposer un référendum sans passer par un accord politique conformément aux souhaits de la communauté internationale. L’emprisonnement de Fetison Andrianirina et de deux autres leaders de l’opposition a été qualifié « d’actes d’intimidation pour empêcher l’expression démocratique des opinions ».

La répression de toute manifestation politique remettant en cause le référendum a été officialisée par une note émanant du ministère de l’Intérieur, à la demande du général premier ministre de la HAT. « Je ne comprends pas cette note », a confié Monja Roindefo, l’ancien premier ministre de la HAT devenu opposant et autoproclamé défenseur du vrai changement. Il souligne l’absurdité de l’interdiction alors que les ministres et le président de la HAT sillonnent le pays pour faire campagne pour le référendum.

Pour les forces de l’ordre de la HAT, la liberté d’expression est limitée à la campagne pour le Oui ou le Non. Tout appel à l’abstention comme toute condamnation du référendum unilatéral serait un délit. « Il y en a qui veulent perturber le référendum, ils essaient d’influencer les gens à se désintéresser du référendum », se justifie le presque général Richard Ravalomanana. Habitué à faire de scénario mais dénué de talent de prophète, il fait part de projets funestes visant à créer des troubles dans le pays afin de dissuader les observateurs internationaux de venir.

Le risque d’une abstention forte s’est précisé devant le désintérêt affiché les tananariviens pour le oui. Des partisans du non sont apparus comme par magie. Il aura fallu attendre la dernière semaine de campagne pour entendre des partis, alliés modérés de la HAT, se positionner clairement pour le Non. C’est le cas de la MDM de Pierrot Rajaonarivelo ou l’Otrik’afo, des champions de la déclaration choc face à la presse condamné s au rôle d’observateur de la vie politique à défaut d’en être les acteurs.

L’enjeu était donc durant la campagne de faire prendre une position pour le non aux opposants. Les trois mouvances n’ont pas joué le jeu de la HAT et ont maintenu la stratégie du non au référendum. Même si cette position ouvre un boulevard pour la victoire du oui, l’autorité craint une déconvenue synonyme d’échec avec un taux de participation faible. Andry Rajoelina a dû sillonner les régions et faire une campagne pour le Oui au référendum, le tout au frais de l’Etat sans que la CENI n’intervienne. C’est le contraire qui aurait été étonnant.