vendredi , 26 avril 2024
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La présidence de la Transition est redevenue la mouvance Rajoelina. Elle s’est heurtée à un mur diplomatique et s’est vue refuser, sinon ignorer, sa proposition devenue exigence de faire passer les législatives tant que Andry Rajoelina est encore au pouvoir. Bilan de l’échec d’un régime non reconnu en matière de relations internationales.

Une communauté internationale indifférente aux manoeuvres d’Ambohitsorohitra

Le soutien affiché par la communauté internationale à la présidente de la CENIT a été une grande désillusion pour la présidence de la Transition. Ambohitsorohitra a été rappelé à l’ordre, ayant été signifié que le pouvoir en place n’a pas à intervenir auprès de la CENIT pour imposer un calendrier électoral qui l’arrange. Malgré la campagne de dénigrement contre elle, Béatrice Attalah a été confortée dans son rôle. Accuser la présidente de la CENIT d’être achetée par la communauté internationale ou d’avoir vendu la nation aux étrangers est un signe d’impuissance sur le plan diplomatique.

Candidature refusée par la communauté internationale et Marc Ravalomanana !

Si depuis la HAT jusqu’à la feuille de route, la diplomatie de Rajoelina n’a jamais convaincu la SADC, l’auteur du coup d’Etat de 2009 considère comme une grande victoire le fait qu’il est désormais reconnu comme étant le président de la transition. Il n’a pas encore admis que c’est en grâce à ses opposants, en particulier Marc Ravalomanana. Le président en exil a gagné la bataille diplomatique en acceptant en premier de ne pas se présenter aux élections. La communauté internationale n’a pas considéré son inéligibilité montée de toutes pièces à coup de procès après le coup d’Etat.

Andry Rajoelina paie son attitude de défiance envers la communauté internationale au nom de la souveraineté des malgaches à choisir leurs candidats. Il s’attribue les louanges en parlant de sacrifice pour sa non-candidature. Il se trahit par son discours, prétendant n’avoir jamais dévié de sa décision prise en 2010 pour ne pas être candidat après avoir essayé de braver le monde entier.

Sa déclaration de guerre diplomatique contre Barack Obama à l’ONU a précipité sa chute qui a été confirmée par le conseil amical de Laurent Fabius lui disant de passer son tour en 2013. La règle est simple même si Andry Rajoelina et ses conseillers ne l’ont jamais comprise : toute personnalité impliquée dans un changement anticonstitutionnel de gouvernement ne peut être candidat aux élections. Autrement dit, on ne peut pas valider un coup d’Etat par des moyens démocratiques.

L’étau diplomatique de l’UA se resserre autour de Rajoelina et compagnie

L’Union africaine n’est pas plus convaincue par la diplomatie des autorités de transition. Le 20ème Sommet de l’Union avait déjà rappelé l’ordre des élections pour « sortir Madagascar de la crise politique prolongée », en commençant par « une élection présidentielle, suivie d’élections législatives et municipales ». Elle estime que « des aspects importants de la feuille de route sont restés lettre morte » et préconise la réconciliation nationale et l’amnistie pour Andry Rajoelina et son rival Marc Ravalomanana.

Le Conseil de Paix et de Sécurité considère que « la renonciation par M. Andry Rajoelina et M. Marc Ravalomanana à leur candidature respective à la prochaine élection présidentielle » est une avancée dans le processus de sortie de crise et appelle à ce que la feuille de route soit appliquée. A ce sujet, Ambohitsorohitra a cru avoir fait assez puisque les institutions de la transition sont en place et demande la levée des sanctions individuelles sous prétexte que ces personnalités proches de l’ancienne HAT devront se porter candidats aux élections sans pression et en toute liberté. 

La réponse de l’UA a été claire : « malgré les nombreux progrès réalisés, certaines dispositions de la Feuille de route restent encore à mettre en œuvre, en particulier l’article 20, et, par conséquent décide de maintenir la suspension de la participation de Madagascar aux activités de l’UA et les sanctions imposées contre Madagascar, tout en réitérant sa volonté de procéder à la levée de cette mesure dans les meilleurs délais possible ». Ce fameux article 20 évoque le retour au pays sans condition de tous les exilés politiques y compris Marc Ravalomanana.

Non seulement le CPS a confirmé le nouveau calendrier électoral décidé par la CENIT et le PACEM au détriment de la mouvance Rajoelina, il « exige la neutralité des institutions de transition malgaches, en particulier durant la période électorale. Le président de la transition ne devra donc pas soutenir un candidat. Il appelle « au respect et à l’application scrupuleuse des décisions de la Commission électorale ».  Décidément, Rajoelina et sa mouvance ont le monde entier contre eux.