dimanche , 28 avril 2024
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Malgré les problèmes évidents sur la liste électorale et les cartes d’électeur qui ont privé un certain nombre de citoyens de leur droit de vote, les observateurs électoraux, internationaux et nationaux, se sont montrés globalement satisfaits. Sans aucun chiffre à l’appui, il a été admis que ces omissions ne pouvaient pas modifier les résultats du scrutin. La CENIT évite donc les remontrances et ne récolte que des recommandations.

1er tour de la présidentielle : un satisfecit qui n’occulte pas le fond du problème

La plateforme des organisations de la société civile à Madagascar a révélé quelque 30 anomalies et problèmes avant, durant et après le scrutin du 25 octobre 2013. Les omissions de la liste électorale, la non-réception de carte d’électeur, la sécurisation, la taille des urnes dont certaines ne sont pas transparentes, la sensibilisation sur l’usage du bulletin unique, la lenteur de la publication des résultats et bien d’autre encore, ce n’est pas suffisant pour mettre en cause la crédibilité de ce premier tour de l’élection présidentielle malgache.

Les premières impressions des observateurs internationaux sont riches en critiques constructives et un véritable plébiscite pour la Commission électorale. Si le problème de la liste électorale est source de frustration et de mécontentement chez les électeurs concernés, la communauté internationale ne s’en émeut pas outre mesure. Une telle position est fort compréhensible puisqu’elle est basée sur l’article 15 du code électoral soulignant le devoir de vérification de la liste électorale par chaque électeur. Si manquement il y a, ce serait de la part des citoyens qui n’ont pas eu le temps ou la volonté de se déplacer au bureau du fokontany malgré les appels répétés de la CENIT.

Aux yeux de ses partenaires, la CENIT n’est donc pas fautive. Les organismes internationaux ayant effectué des missions d’observations électorales ne sont pas unanimes sur ce qu’il faut faire pour réparer les lacunes d’un premier tour qui remplirait malgré tout les critères d’un scrutin, libre, juste et transparent. Le débat sur le rajout des électeurs omis bat son plein. Techniquement, la loi malgache le permet même si dans d’autres pays, on utilise la même liste pour les deux tours. Qui va en prendre la responsabilité ? Le gouvernement semble hésiter sur la décision politique et sollicite les acteurs sur le plan technique, à savoir la CENIT et le ministère de l’Intérieur.

Le fond du problème de la liste électorale a été le manque de coordination entre un ministère de l’intérieur déchargé des préparatifs et une CENIT qui en est surchargée. Le manque d’implication des responsables au niveau des fokontany n’était pas sans conséquence. Les agents recenseurs envoyés par la CENIT ne connaissent pas les habitants. Les injoignables à domicile durant les heures ouvrables sont automatiquement omis. Auparavant, le recensement était assuré par les responsables du quartier. Il serait donc judicieux de demander aux fokontany de recenser les électeurs oubliés de la liste électorale.

Les opérateurs de saisie présentent aussi des failles non négligeables. La loi préconise une série d’informations à figurer sur la carte électorale et ce n’est pas toujours complet. A priori, la carte d’électeur et imprimée à partir de la liste après arrêtage. Le fait qu’il y a des détenteurs de carte qui ne figurent pas dans la liste le jour du scrutin n’a que deux explications possibles : soit l’électeur a été effacé après l’impression, soit la carte est tout simplement fausse.

Le nombre des électeurs écartés pour cause d’absence de la liste électorale n’a pas fait l’objet de comptage ni même d’estimation. Affirmer que ce nombre correspond au taux d’abstention est une aberration. En tout cas, il est jugé de façon arbitraire comme étant insuffisant pour inverser un ballotage. Pour le moment, cette marge d’erreur devrait être inférieure aux 6% qui séparent le deuxième Hery Rajaonarimampianina du troisième Hajo Andrianainarivelo, d’après les résultats partiels. Par ailleurs, les partisans de la mouvance Ravalomanana sont nombreux parmi ces oubliés de la liste électorale. A un certain moment, la consigne était de boycotter les élections. L’implication de l’ancien couple présidentiel dans la campagne électorale de Jean Louis Robinson a remotivé ces électeurs, mais il était déjà trop tard.