lundi , 20 mai 2024
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Par la voix de l’avocat de la plupart d’entre eux, l’incontournable Me Willy Razafinjatovo, de leur famille et des politiciens pro-Ratsiraka ou pro-Rajaonarivelo, les exilés de 2002 exigent l’amnistie. Ils demandent au président de la Transition de « tenir sa parole ».

Amnistie : les « exilés » politiques font pression sur la HAT

La grâce présidentielle accordée par Andry Rajoelina a été l’un des premiers actes légaux  signés par le président de la Haute Autorité de la Transition (HAT). Elle est loin d’avoir donné satisfaction aux intéressés. Willy Razafinjatovo dénonce ce qu’il appelle « une demi mesure » et plaide pour une amnistie. « Me Olala » n’en démord pas pour effacer les peines d’emprisonnement qui avaient été infligées à ses clients en exil à l’étranger, quitte à leur redonner un casier judicaire propre. Il hausse le ton après que l’Assises nationales organisées par la HAT n’aient pas tranché en faveur de l’amnistie.

Andry Rajoelina peut et doit le faire, insiste l’avocat. Il évoque l’habilité du président du HAT « à légiférer par voie d’ordonnance pour amnistier les ex-prisonniers et exilés politiques ». Dans cette décision légale, Me « Olala » y voit de la légitimité à laquelle il a pris part. « Lors de la première manifestation à Ambohijatovo, sur la place de la démocratie, j’ai été le seul à afficher mon soutien à la cause », rappelle-t-il. Et d’ajouter : « aujourd’hui, je suis à 75% avec Andry Rajoelina ». Il attend encore que l’ancien maire d’Antananarivo transforme en acte ce qu’il a promis sur la place du 13 mai.

Celle qui a incarné les familles des exilés politiques ces sept dernières années est sans conteste Renée Rajaonarivelo.  La femme de l’ancien vice-premier ministre et Secrétaire national de l’Arema est restée au pays, ce qui lui a valu à certains moments ce que Me Olala qualifiait de « harcèlement moral ». Après la chute du régime Ravalomanana, la pression n’est pas encore totalement dissipée.

Renée Rajaonarivelo y va de sa plaidoirie : « l’amnistie pour ceux qui ont été condamnés par le régime Ravalomanana est une fondation non négligeable pour la paix et la réussite de la réconciliation nationale », dit-elle. Elle affirme que la promesse faite par Andry Rajoelina avait « l’adhésion du peuple » et dénonce des intentions contraires aujourd’hui.

Pierrot Rajaonarivelo sera bientôt de retour au pays révèle son épouse. L’ancien vice-premier ministre ne viendra pas pour semer des troubles mais pour apporter son appui à l’actuel pouvoir de transition, sans forcement faire partie d’une institution quelconque. Au-delà du patriotisme qu’il veut afficher, Pierrot Rajaonarivelo joue son avenir politique durant cette période de transition, lui qui n’a pas encore renoncé à son ambition présidentielle.

Les exilés à l’instar du Secrétaire national de l’Arema renonceront bien volontiers à leur statut de réfugié politique mais avec une certaine garantie. La grâce présidentielle leur permet de retourner vivre dans le pays, mais l’amnistie seule leur permettra de se relancer en politique et de recouvrer leur droit à être candidat à une élection. Rinah Rakotomanga, une ancienne collaboratrice de l’ancien premier ministre Tantely Andrianarivo a été la première à revenir au pays. Comme investie d’une mission, elle a remis en cause la composition de la HAT et le retour de certains politiciens, qui étaient avec Marc Ravalomanana en 2002 avant d’être écartés, dans la haute sphère du pouvoir.

L’inquiétude dans le camp Rajaonarivelo est légitime. L’histoire a montré que la transition est une période ou l’on prépare la présidentielle. L’Arema veut rester dans le coup et se méfie de ceux qui l’ont écarté du pouvoir sept ans plutôt. L’histoire a aussi montré que le candidat de la transition ne gagne pas toujours. Un certain Norbert Ratsirahonana, peut en témoigner.

Pour Pierrot Rajaonarivelo, la première bataille politique à gagner est l’amnistie. S’il la perd, ce sera aussi sa dernière. Le régime Ravalomanana aura alors tort d’avoir accusé le Secrétaire national de l’Arema comme étant le « commanditaire » et « bailleur de fonds » d’Andry Rajoelina et du mouvement populaire qui a plongé le pays dans une crise. Certains observateurs voient dans ce tapage autour de l’amnistie une manœuvre politique. Soit, c’est Andry Rajoelina qui veut démontrer qu’il ne doit rien aux « exilés », soit c’est Pierrot Rajaonarivelo qui veut dire que le président du HAT ne lui doit rien, excepté l’amnistie.

R. Maherizo