dimanche , 5 mai 2024
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Le président de la HAT n’est pas en visite officielle en France, non reconnaissance internationale oblige, mais son séjour est avant tout politique. Andry Rajoelina, « l’homme fort de Madagascar » ou « l’homme de la France » a plaidé sa cause devant des parlementaires français et a eu l’occasion d’expliquer son refus partiel des accords de Maputo sur une chaîne de télévision.

Andry Rajoelina à Paris : Viva la France !

Le déplacement de Andry Rajoelina en France avait été annoncé en premier lieu comme une visite privée. Le président de la HAT avait d’autre plan. Il a fait un compte rendu de la situation politique à Madagascar devant des parlementaires français. Ironie de l’histoire, cette intervention a comme prétexte l’existence d’une association parlementaire France-Madagascar alors que le jeune putschiste avait décidé en premier de dissoudre le parlement quand les militaires l’ont porté jusqu’à la présidence.

Justement, Andry Rajoelina se doit toujours de se disculper de son coup d’Etat en résumant la crise 2009 au seul jour du 17 mars. Sa thèse reste inchangée même si celle-ci n’a jamais convaincu la communauté internationale : Marc Ravalomanana a transmis le pouvoir à un directoire militaire qui à son tour l’a transféré au maire d’Antananarivo déjà autoproclamé Président de la Haute Autorité de la Transition. Ce qui est vrai sur le papier. Mais les deux ordonnances bien que validées par une Haute Cour Constitutionnelle intimée de prendre acte du changement de pouvoir ne permettent pas d’effacer les circonstances d’un coup d’Etat militaro-civil.

Peu importe, l’important est aujourd’hui de sortir de la crise. Et la France peut y aider car elle veut le faire. Paris peut-il passer outre les recommandations de Bruxelles, rien n’est moins sûr. Andry Rajoelina a eu l’opportunité de faire connaître ses bonnes intentions. Il prétend ne pas rejeter les accords de Maputo et d’Addis Abeba mais veut les appliquer à sa manière. Le président de l’autorité de fait écarte toutefois la cohabitation au sein de l’exécutif mais veut créer une instance de contre-pouvoir. Pour ce qui est des élections, Andry Rajoelina bafouille un peu mais laisse croire que le report de l’élection législative au plus tôt le mois de mai est le résultat d’un consensus. 

Qui avaient aidé le jeune Andry Rajoelina à renverser le président élu et à s’accaparer le pouvoir sous forme d’autorité. « Ny frantsay », avait révélé Marc Ravalomanana. Est-ce que c’était « les français » ou « des français » qui ont redressé les torts après la fermeture de la station de la télé Viva. Les responsables politiques français, à commencer par le président Nicolas Sarkozy, ne regrettent pas l’éviction du président malgache. L’ambassade de France a « protégé » le putschiste d’alors quand l’anarchie créée par le mouvement populaire régnait à Antananarivo. L’ambassadeur de France est au plus pressé pour faire reconnaître les autorités.

Les intérêts français à Madagascar ne seraient pas non plus étrangers à la crise politique menant à un changement extraconstitutionnel de gouvernement en 2009. L’enjeu des gisements pétroliers en exploration laissait déjà présager la convoitise des multinationales. Or, durant le régime Ravalomanana, la tendance a été de confier les grands investissements aux anglo-saxons et aux asiatiques. En 2010, soit 50 ans après la fin de la colonisation, la France peut-elle pour autant reprendre sa suprématie sur les richesses de Madagascar, elle qui est aussi le premier bailleur bilatéral de la Grande Ile. Dans le camp de la mouvance Rajoelina, on s’inquiète de la prise de contrôle de la SADC sur l’UA avec la nomination du président Malawi à la tête de l’organisation continentale. L’organisation régionale risque de compromettre les intérêts nationaux… français !