Andry Rajoelina : « il n’y a pas de discussions, l’Union Africaine accepte »

C’est possible. Sur le papier et uniquement, Andry Rajoelina peut prétendre que sa prise de pouvoir a été légale. Il dispose en effet des documents nécessaires à savoir les ordonnances sur la mission donnée par le président Ravalomanana au directoire militaire pour préparer les élections et faire la réconciliation nationale, l’ordonnance, si on peut l’appeler ainsi, des généraux qui ont été contraints à transférer le pouvoir à celui qui s’est autoproclamé président de l’autorité de la transition, enfin « la lettre » de la HCC qui reconnaît l’effectivité de cette deuxième passation.

A son retour de Tripoli sur invitation du Guide libyen Kadhafi qui est aussi président en exercice de l’Union Africaine, Andry Rajoelina n’a pas le triomphe modeste. « Pour le président de l’Union Africaine, les choses sont claires pour ce qui est de mon autorité à diriger Madagascar pour réaliser le programme prévue pour la période de transition, à savoir le référendum, la Constitution, les assises nationales. Il n’y a pas de discussions, l’UA accepte ». Est-ce la reconnaissance ? 

Si le jeune président de la HAT a insisté sur son interprétation du texte, un point de vue dénoncé par les juristes pour présenter sa réalité. Il soutient la thèse de la démission du président Ravalomanana pour effacer son coup d’Etat. Il affirme n’avoir reçu de l’union Africaine que des conseils qui correspondent miraculeusement à la feuille de route de la transition. Andry Rajoelina prend donc pour acquis la reconnaissance de l’Union Africaine ou de la Libye. « Les autres pays suivront automatiquement », dit-il avec optimisme.  

A-t-il réussi à convaincre le président libyen ou celui de l’Union Africaine ? Andry Rajoelina rapporte que le président Kadhafi se demande « pourquoi il y a des pays qui sèment le trouble alors que les documents par lesquels le pouvoir a été acquis sont clairs ». Il a évoqué des suggestions de la Libye dans le domaine social avec des projets de construction d’un hôpital et d’une université. 

Les documents présentés par Andry Rajoelina ont des valeurs juridiques qui font débat puisque le flou persiste. Ont-ils suffi pour faire oublier les circonstances de sa prise de pouvoir qui correspondent à un processus de coup d’Etat pur et simple. Rien n’est moins sûr. Les médias d’Etat libyens ont rapporté qu’à l’issue de la rencontre entre le Guide et Andry Rajoelina, l’Union Africaine a encore refusé de reconnaître celui qui s’est autoproclamé président de la haute autorité de la transition et qui a pris le pouvoir avec l’aide des militaires.