samedi , 27 avril 2024
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Janvier 2013 – janvier 2014, la boucle est bientôt bouclée. Le processus électoral malgache a eu lieu dans des conditions certes rocambolesques, mais c’est toujours mieux que rien. A-t-il été comme le souhaitait le chef de la Transition qui voulait s’accrocher au pouvoir par tous les moyens, démocratiques ou non ? Apparemment oui.

Andry Rajoelina, l’homme de l’année électorale 2013

Il était écrit que les élections allaient avoir lieu en 2013. Tout avait commencé le 15 janvier lorsque, sous la pression de la France et de la SADC, Andry Rajoelina a déclaré à la terre entière que, au nom de l’intérêt général et d’un soi-disant patriotisme, il renonce à ses ambitions présidentielles. Il n’a pas pu passer outre de la règle au sein de la communauté internationale selon laquelle un putschiste ne doit pas utiliser les moyens démocratiques pour rester au pouvoir.

Le 1er tour de l’élection présidentielle était prévu le 08 mai 2013 dans le premier calendrier électoral de la Commission électorale. Comme il n’est pas candidat, Andry Rajoelina tente un premier hold-up électoral en inversant unilatéralement l’ordre des scrutins établi par la CENIT et les partenaires internationaux. Il redoute de ne pas avoir la majorité à l’Assemblée, son parti le TGV ayant accédé au pouvoir par une élection… municipale. Le premier ministre Omer Beriziky n’a pas accepté de faire le découpage territorial à la hâte et le projet tomba à l’eau.

Le chef de la Transition a cependant gagné du temps puisque l’élection présidentielle a été reportée au 24 juillet. Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka déposent leur candidature. Norbert Ratsirahonana, l’homme-cerveau de la HAT, reconnait avoir eu vent de la réponse favorable de la CES, au mépris du secret des délibérations. A la publication des listes des candidats, Andry Rajoelina figure par magie sur la liste alors que le candidat investi par son parti, Edgard Razafindravahy, était le dernier à déposer le dossier à la dernière minute. La Cour Electorale Spéciale avait cru bon de prendre une décision politique en violant délibérément les dispositions légales. Elle sera remplacée !

Les partenaires financiers se rétractent. Ils veulent le retrait des trois candidats ne remplissant pas les critères fixés par la loi : A. Rajoelina, D. Ratsiraka et Lalao Ravalomanana. La CENIT reporte le 1er tour de la présidentielle au 23 aout, mais la situation ne se débloque pas. Finalement, la médiation de la SADC a porté ses fruits et propose un drôle de compromis qui allait changer l’histoire de Madagascar : les trois candidats désavoués ont le droit de proposer un remplaçant, une nouvelle candidature. Ce sont deux candidats issus de la diaspora, Jules Etienne et Roger Kolo, écartés eux aussi de la liste finale qui allaient en proposer un : Hery Rajaonarimampianina.

Le 1er tour de la présidentielle pouvait enfin avoir lieu le 25 octobre 2013. Le candidat de dernière minute reçoit le soutien du régime transitoire au détriment du candidat investi par le parti TGV et qui était devenu un candidat indépendant et de l’opposition. Les sondages ont vu juste, Jean Louis Robinson de la mouvance Ravalomanana mène avec 21 % des voix, suivi de Hery Rajaonarimampianina doté de 15%. C’est là que Andry Rajoelina entre en jeu. Il annonce dans la presse française que le second est en réalité son candidat et qu’ils allaient gagner au second tour avec 55%. Le chef de la transition enfreint les lois en prenant une position aussi claire. Surprise, il avait changé la loi, en catimini.

A la veille du début de la campagne électorale, le ministre de l’Intérieur convoque la presse pour annoncer un décret pris trois mois plutôt et qui annule des articles de la loi électorale et de la Feuille de route qui était devenue la « Constitution » de la transition. Le mal est fait. Andry Rajoelina est devenu l’image d’un candidat à l’élection présidentielle et des 119 candidats du MAPAR aux législatives. Il n’avait plus besoin de démissionner pour faire campagne.

La Cour électorale a annulé ce décret illégal au dernier jour de la campagne électorale. Elle estimera plus tard que la présence du chef de la Transition n’était pas en mesure de changer les résultats des votes. La conclusion est bien loin des réalités du terrain. Les 120 candidats de l’homme-Etat ont bénéficié d’un terrorisme administratif et d’une propagande infantilisante d’un président DJ qui danse lors des meetings, étant interdit de prononcer un discours. Pour les deux scrutins, ces partisans et ceux qui ont peur de son régime ont tout simplement voté pour lui.