samedi , 27 avril 2024
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Quand les affaires de l’Etat deviennent un jeu d’enfant, faut-il encore s’étonner de voir une adaptation de La guerre des boutons à l’Assemblée nationale ! Les batailles font rage et les débats sont houleux entre les deux camps, la PMP favorable au président Hery Rajaonarimampianina et le MAPAR avec le « président » Andry Rajoelina. Sur fond d’adoption d’un nouveau règlement intérieur, l’enjeu est la destitution ou non du bureau permanent dirigé par la présidente de la Chambre basse, Christine Razanamahasoa qui s’accroche à son perchoir.

Assemblée nationale : le dérèglement intérieur !

Le MAPAR a bien essayé de jouer la montre, mais il était difficile de finir les 12 jours de session extraordinaire sans aboutir à un projet de texte de règlement intérieur ou à l’adoption de celui-ci. C’est tard dans la nuit qu’est intervenu l’épilogue d’une bataille rangée entre les deux formations qui roulent pour leur président. Pour la forme, il n’y a rien de révolutionnaire dans l’organisation du bureau permanent. Le président de l’Assemblée nationale, élu par un scrutin uninominal à 2 tours, sera assisté de 7 vice-présidents, six représentants des 6 provinces et un comme chef de l’opposition. Il y aura 3 questeurs et 2 rapporteurs.

Avantage à la PMP qui a pu faire adopter le règlement intérieur malgré « les manœuvres dilatoires » du MAPAR qui distillait au compte-gouttes les ordres du jour pour ralentir le processus. La prochaine bataille sera axée sur une énième interprétation des textes. La « majorité » pro-Rajaonarimampianina s’est empressée de demander au bureau permanent en sursis de sortir le texte adopté pour l’envoyer à la HCC pour contrôle de constitutionnalité. « C’est du forcing, du harcèlement pour réclamer les dossiers, c’est aberrant », a dénoncé Christine Razanamahasoa.

La PMP ne cache pas ses intentions : aussitôt le règlement intérieur définitivement adopté, une nouvelle élection du bureau permanent aura lieu. Déjà, on connaît son candidat qui n’est autre que Jean Max Rakotomamonjy, celui qui a été défait par Christine Razanamahasoa quand le Mapar et son allié GPS faisaient encore la loi à Tsimbazaza. Pour l’actuelle présidente de l’Assemblée nationale, « le bureau permanent qui est en place est le seul qui a été mis en place selon les règles. C’est parce qu’on ne l’apprécie pas qu’on pense le dissoudre ». Elle reconnait que cette offensive pourrait être commanditée par Ambohitsorohitra.

Pas question pour le MAPAR de céder facilement. « Le règlement d’intérieur qui vient d’être adopté servira pour les futurs députés, du prochain mandat », se défend Christine Razanamahasoa. Elle écarte toute possibilité d’une nouvelle élection des membres du bureau permanent. « Cela ne peut se faire puisqu’il faut d’abord destituer le bureau actuel, poursuit-elle. Or, une telle destitution n’est possible que par le vote des deux tiers des députés et doit être motivée par une faute grave ». La principale faute du Mapar a été de faire le forcing pour se faire élire avec un règlement intérieur à l’état de projet. La HCC pourrait être appelée à clarifier une nouvelle fois la situation s’il y a lieu d’élire un nouveau bureau permanent.

L’enjeu de cette guéguerre à l’Assemblée nationale est de donner au président de la République et à son premier ministre une majorité parlementaire plus stable que la coalition majoritaire qui a permis la constitution d’un gouvernement non MAPAR en se référant au fameux article 54 de la Constitution. La bataille du règlement intérieur s’apparente à un règlement de compte entre deux formations politiques qui voient leur rapport de force changer au gré des indépendants. A priori, si le MAPAR a réellement la majorité, une deuxième élection devrait confirmer Christine Razanamahasoa à son poste. Sauf que la géométrie variable est de mise à Tsimbazaza. Hery Rajaonarimampianina pense verrouiller sa majorité une fois la conquête accomplie. Tout changement de camp pourrait être sévi par la déchéance de son statut de député.