Cette fois-ci, il n’y aura pas de fuite en avant ni de fait accompli. La situation est bel et bien bloquée. La date de l’élection présidentielle ne sera pas communiquée tant que la situation politique ne correspond pas aux attentes du GIC-M. Le report de l’annonce du nouveau calendrier électoral par la CENIT et les Nations-Unies est un plébiscite pour la démonstration d’autorité de Joaquim Chissano et de Ramtane Lamamra respectivement émissaire de la SADC et commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA. Les trois candidats Andry Rajoelina, Didier Ratsiraka et Lalao Ravalomanana sont sommés de retirer leur candidature que le GIG-M estime entachée d’irrégularité « vis-à-vis de la législation malgache ». Au-delà du juridisme, cette exigence est avant tout politique, imposant le « ni – ni – ni ».
15 jours pour tout faire
Pourquoi Chissano et consorts ont-ils jugé bon de fixer un ultimatum, ou un délai de réflexion de 15 jours de réflexion en langage diplomatique, aux 3 candidats contestés par le Groupe International de Contact – Madagascar. Au final, le GIC-M n’a pas la prérogative d’imposer sa décision directement. Il faut que les concernés consentent à retirer eux-mêmes leur candidature. La menace de sanction personnelle se précise. Le délai de 15 jours devrait aussi permettre au conseil des ministres de légiférer par ordonnance afin de permettre à des candidats à la présidence de la République de se retirer de la course.
Le « oui, si » de Rajoelina
La balle est donc dans le camp de président de la transition qui sera juge et parti puisqu’il est aussi l’un des candidats à évincer. Andry Rajoelina a fait part aux médiateurs internationaux qu’il peut envisager son retrait à condition que les deux autres candidats contestés fassent pareil. Didier Ratsiraka est persuadé de la légalité de sa candidature et ne veut rien entendre. Lalao Ravalomanana a été aussi catégorique sur son intention de ne pas se retirer et de se conformer à la décision de la CES qui a validé sa candidature.
La CES contrainte de se désavouer
La cause de la Cour électorale spéciale est entendue. Le GIC-M veut la contraindre à faire marche arrière et à accepter le retrait des 3 candidats. Pour cela, la loi de circonstance dont l’élaboration a été confiée au président de la transition oblige cette juridiction dépendante de la Haute Cour constitutionnelle à prendre une décision dans ce sens. Il faudra encore que cette cour spéciale à vocation éphémère accepte de se déjuger. Rien ne l’oblige à accepter le retrait de candidature même si c’est devenu légal. La recomposition de la CES peut-elle se faire avant de lui soumettre les cas des 3 candidats ? Tel est la question, vu que le processus de recomposition peut être long ou tout simplement bâclé.
Course contre la montre pour des élections en 2013
Au final, les solutions légales et politiques sous la pression du GIC-M dépendent toujours de la volonté des 3 candidats sommés de se déclarer forfait pour la présidentielle et celle d’une CES qui n’a plus odeur de sainteté. Le temps presse puisque la CENIT et le Système des Nations-Unies ne seront pas en mesure d’arrêter un calendrier électoral pour 2013 que si la liste des 38 candidats restants est officialisée. Ce qui est déjà compromis puisque le premier tour de l’élection présidentielle ne peut avoir lieu avant fin septembre. Le deuxième tour couplé avec les législatives tombera donc fin novembre, en pleine saison de pluie. Il faudra une autre loi spéciale pour rendre légal un scrutin durant à cette période de l’année.