lundi , 29 avril 2024
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A la veille de l’atelier national organisé par la mouvance Rajoelina par le biais du ministère de l’Intérieur, en vue de préparer les élections, la mise en place de la CENI ou Commission nationale électorale indépendante est le nouveau sujet de débat national de ce début d’année 2010. La HAT ne veut pas lâcher la maîtrise de la machine administrative dans l’organisation des élections mais ont besoin de légitimité.

CENI : le coup de marketing politique de la HAT

La CENI est un organe indispensable et incontournable, que ce soit dans un schéma de transition consensuelle et inclusive ou dans le régime unilatéral imposé par Andry Rajoelina. Sa mise en place a un enjeu politique car il en va de la crédibilité de la première élection organisée par la HAT. Pour donner un aspect consensuel et inclusif à l’organisation de ce scrutin, le ministère de l’Intérieur organise un atelier national sur les préparatifs des élections. Au menu, il y aura la révision de loi électorale et la mise en place de la CENI. 

La mainmise de la HAT sur l’élaboration de cette réforme électorale est à craindre puisque la présidence est impliquée, distribuant les documents de base aux participants. Si les propositions de texte émanent principalement du ministère de l’Intérieur et de l’actuel Conseil national électoral ou CNE, Ambohitsorohitra risque de contrôler le débat. En effet, quel que soit l’issue de cette concertation, c’est par une énième ordonnance que les résolutions deviendront une loi. L’atelier national sert en réalité à légitimer le projet de loi électoral de la mouvance Rajoelina et valoriser les législatives annoncées pour mars 2010,  relevant plutôt du marketing politique.

L’impact de la CENI qui sera mise en place de toute urgence sera moindre. La ministre de l’Intérieur a déjà fait savoir que le désengagement du gouvernement dans l’organisation des élections se fera de manière progressive. Cécile Manorohanta insiste sur le fait que tout le processus ne sera pas confié à cet organe indépendant et que son département garde l’essentiel des préparatifs du scrutin. Bref, la prochaine élection législative organisée par la HAT et la mouvance Rajoelina ne fera pas date dans l’histoire. Le rôle voué à la CENI risque d’être symbolique, apportant jute un semblant de garantie d’un scrutin politiquement correcte.

La ministre Manorohanta s’est gardée de révéler les détails de la mission et des activités de cet organe indépendant. D’autant que la CENI ne pourra pas bénéficier de toutes ses prérogatives tant que le ministère de l’Intérieur contrôle l’organisation du scrutin. « L’idéal, consent-elle, c’est de confier toutes les tâches à la CENI », avouant l’incapacité du gouvernement à opérer le changement promis sur la place du 13 mai par Andry Rajoelina en un temps record. Ce tâtonnement qui consiste à avancer par étape est une stratégie politique consistant à garder la maîtrise de la machine électorale avant d’avoir une réelle majorité par la voix des urnes. Les autorités de fait et leurs alliés revendiquent depuis un an une majorité virtuelle, se basant sur des critères de popularité.

Comment donc procéder quand on veut changer les règles du jeu sans vouloir les appliquer, du moins pas dans l’immédiat. Le ministère de l’Intérieur mise sur des propositions émanant des partis politiques et de la société civile. La crédibilité de cette réforme obligée avant de passer aux élections sera difficile à asseoir. Pas facile de convaincre l’opinion nationale et internationale de la sincérité du scrutin si des attributions vouées à la CENI sont encore confiées à l’administration. S’agira-t-il alors de créer un petit organe qui grandira avec le temps pour arriver à maturité d’ici la tenue de l’élection présidentielle ? Ce qui reviendra à sacrifier la légitimité censée être obtenue par la mise en place de la CENI.