Commémoration du 29 mars 1947 : Andry Rajoelina ose le parallèle historique

Il avait fait du 29 mars 1947 un thème de sa propagande pour s’accaparer le pouvoir par un mouvement populaire. Un an après avoir pris les rennes du pays, Andry Rajoelina continue à jouer sur la fibre patriotique pour une autre campagne : le contrôle de la transition qui lui est contesté. A Moramanga, il a adressé un message clair à une base électorale très courtisée formée par la jeunesse du pays. « Je suis jeune, laissez-moi m’adresser aux jeunes », s’est-il excusé devant les anciens combattants de 1947. « L’indépendance que nous vivons n’est pas arrivée d’elle-même, c’est le fruit d’un patriotisme inébranlable », a-t-il ajouté.

Andry Rajoelina a égratigné pour l’occasion le président évincé Marc Ravalomanana même si la référence n’a pas été saisie par tout le monde. « L’histoire du pays ne peut-être oubliée, dit-il, feignant de s’adresser aux jeunes malgaches.  Certes, nous n’étions pas encore nés en 1947 mais le passé ne peut être effacé ». A ce propos, Marc Ravalomanana avait maladroitement répondu aux questions des journalistes lors de la visite du président Chirac à Madagascar. Il avait déclaré que c’est le passé et qu’il faut désormais regarder vers l’avenir. La controverse est née de sa remarque sur son année de naissance : « moi-même, je suis né en 1949 », avait-il dit.  Marc Ravalomanana  pense qu’être le premier président de la République né après l’insurrection de 1947 était un symbole.

Dans son discours, le 29 mars 2010, Andry Rajoelina laisse entendre que la lutte pour les malgaches d’aujourd’hui est quasi identique à celle de 1947. Le parallélisme est saisissant : « les anciens combattants se sont levés contre la violation des droits des malgaches, contre la colonisation économique de Madagascar, contre le fait que les malgaches n’ont pas le droit de choisir la manière avec laquelle ils veulent gérer leur avenir ». Le discours est par la suite axé sur l’actualité politique. « Le temps est venu de construire de nouvelles fondations de la structure politique, économique et sociale du pays », affirme Andry Rajoelina. Il invite les malgaches à faire preuve de patriotisme pour arriver à la 4ème République coûte que coûte.

Malgré tout, le président de la HAT essaie de rassembler dans sa quête unilatérale de république nouvelle. « La solidarité dans la diversité permettra d’atteindre les objectifs », concède-t-il. A Moramanga, Andry Rajoelina a gâté les anciens combattants en leur donnant les aides qu’ils ont demandées : des matelas, des couvertures et des tentes seront distribués. La HAT a aussi trouvé la bonne idée de créer une distinction honorifique spécialement dédié aux combattants du 29 mars 1947. Il en fallait moins pour faire des heureux parmi ces octogénaires patriotes.