mardi , 30 avril 2024
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A quoi joue l’Arema de Pierrot Rajaonarivelo. Malgré les déclarations de bonnes intentions sur la volonté de réunifier un parti divisé depuis 2002, les ambitions des uns et des autres font encore planer le mystère pour l’avenir. Ecarté de la mouvance Ratsiraka pour la mise en place des institutions de la transition, le secrétaire national de l’Arema reste en position de force à quelques mois des élections.

Congrès de l’Arema : Rajaonarivelo reprend le pouvoir pour le rendre

Bizarrement, en presque 35 ans d’existence dont plus de 20 ans au pouvoir, le parti Arema rebaptisé Avant-garde pour la rénovation malgache n’a tenu que deux congrès. Ces deux événements ont un point commun malgré les dix années qui les séparent : la consécration de Pierrot Rajaonarivelo en tant que secrétaire national du parti. Les 28 et 29 novembre 2009, ils sont 850 congressistes à avoir élu un nouveau secrétaire national. Surprise, il s’agit bien de Pierrot Rajaonarivelo, l’ancien banni et non reconnu depuis 2007 par l’autre partie de l’Arema fidèle à Didier Ratsiraka.

On ne le savait même pas candidat à sa propre succession. Le secrétaire national sortant avait affirmé à plusieurs occasions son intention de redonner officiellement le parti au fondateur Didier Ratsiraka. Les congressistes l’ont réélu « à l’unanimité » à la tête du parti. Ce qui n’est pas aussi surprenant que cela quand on sait que ce congrès a été boycotté et dénoncé par les fidèles de l’Amiral, d’une part, et n’a été assisté que par les « pro-Pierrot », d’autre part. Comme il l’avait déjà annoncé dans une conférence de presse, c’est « avec humilité » que Pierrot Rajaonarivelo remet aussitôt le pouvoir au président d’honneur du parti.

Didier Ratsiraka a revendiqué que ce pouvoir  au sein de l’Arema lui est revenu en 2007 alors que Pierrot Rajaonarivelo s’est retiré de la scène politique. Il lui sera difficile de ne pas reconnaître ce congrès de 2009, au risque de se mettre à dos définitivement une partie très importante de l’Arema. Censée remettre de l’ordre dans la vie du parti, cette instance suprême en termes de décision interne, a exacerbé le clivage. La faute à la réélection de Pierrot Rajaonarivelo comme secrétaire national. Les congressistes l’ont même exhorté à continuer à assumer cette fonction. Après tout, c’est bien le congrès du parti qui choisit celui qui va le diriger et non pas le président d’honneur ou le fondateur. 

Didier Ratsiraka a-t-il hérité le plein pouvoir du parti qu’il a fondé. Rien n’est moins sûr. Le congrès de novembre 2009 a été une occasion pour Pierrot Rajaonarivelo de démontrer son emprise sur une partie de l’Arema. Ce qui fait de lui, l’un des candidats naturels de l’Arema pour l’élection présidentielle, en attendant comme bien d’autres la loi d’amnistie. Pierrot Rajaonarivelo planifie de créer un mouvement ou une plate-forme politique. Il convie les partisans de l’Arema à adhérer à des principes qui ne sont pas nouveaux comme la mise en place d’une vraie base de la démocratie et de la bonne gouvernance, un réel progrès, le recul de la pauvreté et la réconciliation nationale.

Ce n’est pas encore un véritable projet de société susceptible de séduire les électeurs mais cela y ressemble. Pierrot Rajaonarivelo ambitionne d’ouvrir « une nouvelle page de l’histoire de Madagascar ». Et cela ne va pas commencer durant la transition puisqu’il ne fait pas partie de la mouvance Ratsiraka. « Ce n’est pas normal que l’Arema soit représenté par le Secrétaire national adjoint et non pas par son chef » a déclaré le secrétaire national. Ange Andrianarisoa, le concerné, joue l’apaisement, affirmant que l’essentiel est que le pouvoir revient entièrement à Didier Ratsiraka. Pierrot Rajaonarivelo a bel et bien démissionné après avoir été réélu à la tête de l’Arema.