lundi , 29 avril 2024
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Toutes les décisions prises par l’Etat dans la résolution de la crise liée à la grève des enseignants sont unilatérales. Après, l’échec de la stratégie du bâton et de la carotte du ministre de l’Education nationale, c’est le premier ministre qui revient à la charge avec une meilleure de proposition à 25 milliards d’ariary et les menaces en moins. Les enseignants vont-ils accepter de cesser le mouvement et se contenter de 11% de ce qu’ils revendiquent ?

Crise dans l’enseignement : la solidarité gouvernementale à défaut de moyen

Dans le dialogue du sourd entre le pouvoir et le syndicat des enseignants de l’Education nationale, l’Etat a sorti un nouveau monologue. Suite à une réunion de crise au Conseil des ministres, le premier ministre Beriziky a présenté une offre de 25 milliards d’ariary pour payer les indemnités réclamées par les fonctionnaires grévistes. « C’est tout ce que l’Etat peut offrir en ce moment » dit-il, rappelant que tout l’appareil administratif fonctionne avec un régime d’austérité.

Omer Beriziky renouvèle alors l’appel au patriotisme des enseignants afin que ces derniers rejoignent leur poste. En tout cas, le premier ministre rejette le blâme sur les grévistes en cas d’année blanche ou de non organisation d’examens officiels. De tels discours qui visaient à diaboliser le mouvement des enseignants n’ont pas jusqu’ici influencé l’opinion publique.

Avec une enveloppe de 25 milliards d’ariary, les enseignants du primaire et du secondaire toucheront une indemnité de 50 000 ariary par mois. « On a choisi d’augmenter une indemnité particulière et de ne pas répartir la somme sur plusieurs libellés. Cette indemnité est celle dont bénéficient tous les enseignants fonctionnaires qu’ils tiennent une classe ou non », a expliqué le ministre de l’Education nationale.

Manoro Régis essaie de se rattraper de ses ordres et menaces qui n’ont fait que revigorer le mouvement des grévistes. Il promet « de tout faire pour que les indemnités soient perçues dès ce mois de mai, et si ce n’était pas possible, ce sera pour le mois de juin ». Les autres indemnités seront revalorisées selon la capacité de l’Etat, fait miroiter le ministre.

Après un rendez-vous manqué avec les leaders du syndicat des enseignants, Andry Rajoelina pense fermer la porte à toute négociation. « L’Etat ne peut pas satisfaire les revendications des enseignants », a-t-il répété lors de ce conseil des ministres. Le président de la transition d’affirmer que si les 210 milliards d’ariary demandés étaient accordés, il y aurait des ministères qui ferment leur porte faute de budgets.

La proposition du ministre des Finances et du Budget à 15 milliards d’ariary et celle rallongée par le ministre de l’Education nationale à 20 milliards ont été refusées par le SEMPAMA. La dernière offre est de 25 milliards d’ariary. « On a fait des prélèvements sur les budgets d’autres ministères », se justifie Hery Rajaonarimampianina, rappelant qu’il n’y a pas eu de nouveau financement. Celui qui a pris au défi le syndicat des enseignants  « de lui couper la main » si ce dernier trouve une meilleure proposition que 15 milliards se désavoue.

Par cette dernière offre, le régime espère convaincre les enseignants de cesser le mouvement de revendication. « Les rencontres sont terminées, tout dépend des enseignants » aurait signifié Andry Rajoelina au gouvernement. Serait-ce précurseur d’une autre mesure radicale et répressive qui sera justifiée comme étant « légale », comme à l’habitude de la HAT ?

Le Sempama, de son côté, a pu montrer sa force en défiant les menaces de suspension de soldes et de fin de contrat proférées par le ministre Manoro Régis. A l’approche de la date historique du 13 mai, le pouvoir redoute le mouvement de contestation des élèves qui ont commencé à manifester dans la rue. Les lycéens réclament une réponse rapide et favorable aux revendications des enseignants afin de reprendre les cours.