dimanche , 28 avril 2024
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Grève à la Jirama pour dénoncer la décentralisation et la probable privatisation des réseaux de distribution d’eau à Antananarivo, hausse incontrôlée des carburants auprès de certains distributeurs, reprise timide de l’exportation du riz, tels sont les évènements qui ont fait l’actualité économique à Madagascar au mois d’aout 2012.

De l’eau, du riz et du carburant, la rétro économique du mois

Jirama, suspension de la mesure de décentralisation de la gestion de l’eau

Les employés de la Jirama ont gagné une bataille. La décision de confier la gestion des réseaux et des services de distribution d’eaux dans la ville d’Antananarivo à la commune urbaine a été suspendue par le secrétariat général de la présidence de la HAT. Un tel revirement a été un choix politique dans le but d’éteindre le mouvement de grève. Ambohitsorohitra reconnait en effet qu’il n’a pas la légitimité de prendre une importante décision dans une période de transition, car c’était effectivement l’argument principal des grévistes.

Pour la commune urbaine d’Antananarivo, ce n’est que partie remise et la décision de la HAT n’est pas ressentie comme une douche froide. A l’Hôtel de Ville, on dénonce l’incapacité avérée de la Jirama à répondre à la demande et au besoin de la population. Quelque 1200 bornes-fontaines ont été installées ces 25 dernières années. Ce qui est largement insuffisant alors que 70 000 familles seulement sur 500 000 ont accès à une adduction en eau potable dans leur foyer.

La commune doute que la compagnie des eaux puisse assurer les 30 millions de dollars d’investissement nécessaires pour renouveler et étendre les réseaux d’Antananarivo. Au sein de la Jirama, on dénonce un processus qui pourrait aller jusqu’à la privatisation de la société d’Etat, « revendue pour une bouchée  de pain comme l’ont été l’opérateur téléphonique Telma et la société des chemins de fer CNCFM ». Selon les grévistes, la commune en tant que maitre d’oeuvre lance des appels d’offres avantageant les sociétés étrangères.

Madagascar exporte à nouveau son riz

La reprise de l’exportation de riz ne sera que symbolique. Elle va marquer l’orientation de Madagascar dans la production de riz bio et de haute qualité. Une association de paysans va exporter 60 tonnes de riz vers les Etats-Unis. Il s’agit d’une variété issue de l’agriculture biologique. Le projet est en réalité une campagne de mobilisation des agriculteurs malgaches à cultiver le riz sans utiliser de l’engrais chimique. De plus, le prix est intéressant, car il sera de 10 ariary le kilo, soit 10 fois plus cher que sur le marché local.

Ce sont des variétés de riz avec de telle qualité biologique qui vont nous permettre de percer le marché étranger », affirme un responsable au ministère de l’Agriculture.  Alors que le « red rice » sera jeté à la douane si vous pensez apporter une petite quantité de vary gasy à votre famille résidant aux Etats-Unis, la situation est différente en France. Mieux, des producteurs malgaches vont exporter 1 tonne de riz tous les trimestres.

Ce n’est encore qu’une exportation à but promotionnel. Elle cible d’ailleurs la diaspora chez qui il y a une réelle demande de « vary gasy mena ». Le ministère vise l’autosuffisance alimentaire en matière de riz et pense exporter dans 2 ans. En 2012, l’importation de riz n’est pas encore d’actualité. La première moisson ou le « vary aloha » a été bonne et arrive à satisfaire la demande du marché. 

Prix des carburants, les opérateurs défient l’Etat

C’est la compagnie Total qui a pris le devant en brisant le pacte de ne pas réajuster à la hausse les prix à la pompe. Elle n’a pas obtempéré après la première rencontre avec le gouvernement qui l’a signifié de revenir à l’ancien prix. Total ne se bat plus seul dans ce bras de fer puisque Shell a aussi décidé d’augmenter, désavouant encore plus l’Etat. En attendant, les consommateurs constatent une différence de prix dans une situation habituellement d’oligopole. Mais cela ne va pas durer.

«Les pourparlers ne sont pas rompus, il y a beaucoup de mesures que nous pouvons proposer comme un taux de change préférentiel quand ils achètent les carburants aux fournisseurs par des devises », a rassuré le ministre des Finances. L’Etat a subventionné les opérateurs pétroliers à hauteur de 50 milliards d’ariary en 2010, puis 15 milliards d’ariary en 2011. La situation est critique en 2012 puisque la subvention semble avoir atteint ses limites. Pour le gouvernement, « maitriser les prix des carburants pour éviter un impact sur l’inflation » est primordial. Les fondamentaux du marché risquent de venir à bout rapidement d’une telle politique.