samedi , 27 avril 2024
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Reporters Sans Frontières a réagi suite à l’intimidation de la presse de Madagascar par l’autorité en place et l’armée. Mise en demeure, convocation à la gendarmerie, obligation à s’excuser publiquement, rappel à l’ordre… la censure revient au galop, à peine couverte par l’argument légal. Le régime en place veut limiter la liberté de presse à défaut de la supprimer.

Des prédateurs de la liberté de presse à Madagascar

« Des mesures seront prises à l’encontre des journaux ou stations audiovisuelles qui publient délibérément des fausses informations susceptibles de troubler l’ordre public ».  La HAT, le ministre de la Communication qui se croit toujours être directeur de la communication de la présidence, l’armée, ce sont les détenteurs de la vérité, de la pensée unique à Madagascar. Tout écart est un délit contre l’ordre public.

« A l’aube d’une année 2012 au cours de laquelle devraient se tenir les élections attendues depuis plusieurs mois, nous demandons au pouvoir – en premier lieu le ministère de la Communication – de respecter les critiques et commentaires sans multiplier les mises en garde, les avertissements et les menaces de retour de la censure », a interpelé RSF.

« Dans ce contexte, nous rappelant des violences de 2009 dans lesquelles la presse avait joué un rôle non négligeable, Reporters sans frontières appelle les médias à faire preuve de professionnalisme et demande à tous les acteurs du secteur de l’information à ne pas nourrir les tensions, à privilégier le dialogue, et à conserver des relations apaisées ».

Devoir de propagande en faveur de Sa Majesté

Il faut dire au revoir à la liberté de presse, le temps que Andry Rajoelina dirigera la transition et éventuellement sa 4ème république. Comme la promesse de la démocratie qui a fini en dictature militaro-civile, la presse libre est tout aussi fictive. Ce qui est somme toute logique au regard des fondations du changement déclenché dans un contexte de coup d’Etat médiatico-militaro-civil.

Le harcèlement de la HAT sur les journalistes et médias qui osent critiquer la présidence et l’armée a été justifié par la nécessité de mettre des « balises » à ceux qui ne se plient pas aux règles de la connivence et de la complaisance imposées par un super ministre de l’information et de la propagande étatique. 

Faudra-t-il l’appeler Son Altesse et le traiter comme s’il était le roi de Thaïlande. Toute critique contre la famille royale et Sa Majesté est un délit, presque un crime. La riposte disproportionnée de l’entourage du président de la Transition a montré la fragilité d’une image basée uniquement sur la propagande et le culte de la personnalité.

Après 3 ans à diriger le pays dans le chaos, difficile de revendiquer l’image angélique d’un jeune homme ingénue qui se défend d’être un de ces politiciens qui ne font qu’aggraver la crise qu’il a créée de toutes pièces.

TV Plus, l’anti-propagande 

Oui, le président de la transition et sa famille ont le droit de passer des vacances. Non, quand on se proclame chef d’Etat, on ne peut plus revendiquer par la suite être un citoyen comme un autre. Les Malgaches ont le droit de savoir où celui qui prétend être leur chef se trouve.

L’analyse et la critique de la TV Plus sont totalement justifiées. Elles ont eu encore plus de légitimité après les menaces et la répression par le ministre de la Communication et la mise au point maladroite de la présidence de la HAT. Et pourtant, la rédaction de la TV Plus avait arrondi les angles pour ne pas froisser l’Etat, prenant en compte les menaces du pouvoir et des autorités contre la presse.

L’enjeu a été de faire abdiquer une fois pour toutes le média, en particulier son rédacteur en chef et directeur de publication, qui illumine les citoyens devant la pensée unique et la prétendue vérité imposée par l’Etat.

Si Onitiana Realy s’est excusée parce que ses journalistes ont objectivement critiqué le mystère sur les vacances présidentielles, le pouvoir et la censure auront triomphé. L’animatrice de l’invité du Zoma est l’icône de l’impertinence journalistique dont toute aspiration à la démocratie a besoin. Heureusement, elle ne s’est pas excusée et affirme publiquement ne pas avoir l’intention de le faire.