samedi , 4 mai 2024
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Pourquoi le groupe Tiko avait bénéficié des largesses de l’Etat en dehors du fait que l’empire agro-industriel a été fondé par le président Marc Ravalomanana. Les avocats de l’entreprise ont axés leur plaidoirie devant la presse sur la régulation des prix par le premier importateur et fournisseur en PPN qui a dominé le marché national.

Destruction de Tiko : une perte socio-économique pour le pays

Le rôle économique du Groupe Tiko a été de combler l’insuffisance de la production nationale dans le secteur agro-alimentaire. Sur les 150 000 tonnes de riz importées pour satisfaire la demande nationale, le distributeur Magro en a vendu 89 500 tonnes, soit à peu près 60% du marché.

La part de Tiko sur le marché de la farine importée a été encore plus importante, 85 000 tonnes sur les 120 000 tonnes introduites dans le pays, soit 71%. Tiko a eu un quasi-monopole sur le marché de l’huile alimentaire. Il en a été de même pour la production de lait, yaourt et beurre. « Que l’on ne le veuille ou pas, le groupe Tiko a eu une place très importante dans la vie nationale, estime Me Hanitrinaina Razafimanantsoa. Il a joué un rôle de régulateur de prix »

Tiko représente quelque 2500 emplois directs et 11 000 emplois indirects. Les entreprises de Ravalomanana ont fait vivre des paysans, des agriculteurs, des éleveurs, des prestataires de services, des distributeurs… Avec un chiffre d’affaires de 8 milliards d’ariary, Tiko participe au renflouement de la caisse de l’Etat à hauteur de 1,6 milliard d’ariary.

Depuis sa création en 1979, les investissements injectés dans le groupe Tiko s’élève à 210 milliards d’ariary. Même si l’entreprise a été qualifiée comme étant un  « bien personnel » de Marc Ravalomanana lors de la crise politique et les pillages, des participations étrangères dans le capital et les investissements existent. De même, Tiko a des dettes vis-à-vis des bailleurs de fonds, estimées à 45 milliards d’ariary. Il doit payer un intérêt de 3,5 milliards d’ariary par an auprès des banques.

« On a détruit Tiko sous prétexte qu’il a le monopole », déplore Me Razafimanantsoa. Elle évalue le préjudice des saccages et pillages durant la crise politique à 102 milliards d’ariary. A cela s’ajoutent les marchandises prises de force par la HAT qui sont estimées à  45 milliards d’ariary.

« Il y a des responsables à tout cela », conclue l’avocate, arguant que le but a été de permettre à d’autres personnes de prendre le marché de Tiko. « Si on détruit l’un pour le remplacer par un autre qui est moins bon, cela est inacceptable », plaide Me Razafimanatsoa. Ce qui reste de Tiko est réquisitionné par la HAT.

La propagande économique ne fait plus son effet. Ceux qui ont détruit le fleuron de l’agro-industrie malgache sous prétexte de faire baisser les prix ont eu tort. La crise reprend de l’ampleur et l’impact sur le pouvoir d’achat se fait ressentir. Les prix des PPN et des carburants flambent. Une inflation qui est adoucie par la «montée » du riz ou la récolte qui signifie une baisse des prix.