vendredi , 3 mai 2024
enfrit
Le retour forcé à un semblant d’ordre constitutionnel préconisé par la HAT peine à convaincre les différentes tendances politiques y compris au sein de la mouvance Rajoelina. Ambroise Randrianavonison et sa mouvance « légaliste » qui s’est détachée du camp Ravalomanana persiste à réclamer la tenue d’un référendum populaire pour débloquer la situation de crise. Les citoyens devront alors se prononcer s’ils veulent de la charte de Maputo ou non.

Elections : les légalistes contestent la feuille de route Rajoelina

Une élection, une consultation populaire, passer par les urnes paraît de plus en plus comme une obligation. Seulement, chaque parti ou mouvance y va de son petit « calcul politique », le concept en vogue du moment. Ambroise Randrianavonison sort de sa tanière pour dénoncer l’organisation d’une élection législative par la HAT. Celui qui a pris le flambeau des légalistes y trouve matière à suspicion et inquiétude. Sur quelle base légale va-t-on appeler les citoyens aux urnes, se demande-t-il. Comme argument, il met en avant l’absence d’une Constitution de la République alors que la charte de la transition malgache signée à Maputo n’est pas appliquée.

En décembre 2009, la HAT s’est remise en selle, sortant du schéma de Maputo. Andry Rajoelina a imposé par ordonnance une nouvelle petite Constitution pour régir la République de Madagascar avec comme prétexte la réorganisation de la transition. Cette ordonnance est donc la seule base légale pour commettre le forfait : organiser une élection législative supposée transparente et démocratique dans un contexte d’arbitraire et d’unilatéralisme. « Il y a un but caché derrière cette élection », s’insurge Ambroise Randrianavonison. Il fait référence à l’accord « secret » de Malmaison craignant que Andry Rajoelina veuille se faire élire président par des grands électeurs. Est-ce que c’est en tant que président de la transition reconnaissable sur le plan international ou carrément en tant que président de la 4ème République. 

Pour stopper cette supposée machination du TGV, les légalistes proposent un « référendum constitutionnel à l’initiative populaire ». Il ne s’agit pas de faire le grand saut vers une nouvelle république mais en construire les fondations en revenant aux accords de Maputo et d’Addis Abeba. Les électeurs diront donc « Oui » ou « Non » à la Charte de la transition et son acte additionnel. Selon Ambroise Randrianavonison, l’organisation d’une telle consultation populaire doit être laissée à la société civile aidée par la communauté internationale. Le leader des légalistes a déjà commencé les tractations avec les organisations internationales comme l’Union Africaine et le Groupe international de contact, l’ONU sans oublier le président… français.

Pour les légalistes, une élection législative dans un contexte politique flou avec des calculs politiques cachés est à proscrire. Une fois fixé sur la volonté du peuple de suivre ou non la Charte de Maputo, il sera alors temps, selon « Tonton Ambroise » de tenir enfin une conférence nationale « inclusive ». Il partage l’avis des anciens adversaires aujourd’hui dans les rangs de la mouvance Rajoelina. C’est de cette conférence nationale que doit sortir le ou les projets de Constitution.  Comme les Pety Rakotoniaina et Jean Eugène Voninahitsy, Ambroise Randrianavonison estime que cette nouvelle loi fondamentale qui mettra en place la 4ème République doit être adoptée par référendum.

Les légalistes rejettent donc le plan de Andry Rajoelina visant à faire d’une pierre deux, voire trois coups : primo, élire des députés pour constituer une assemblée constituante qui va voter une nouvelle Constitution ; deuxio, désigner un chef de gouvernement d’union nationale au moins jusqu’à la fin de la transition, c’est-à-dire à l’élection d’un nouveau président. Le troisième coup consiste à reconduire ces mêmes députés pour un mandat qui aura été fixé par une loi organique, puisque la Constitution ne sera pas encore votée au moment du scrutin législatif. Ambroise Randrianavonison propose à ce que l’on organise les élections législative et présidentielle le même jour pour que le vainqueur de l’une ne puisse tirer avantage pour la seconde. La logique politique ne sera pas compromise puisque le parti ou l’union qui gagnera la majorité aux législatives devraient s’imposer au second tour des présidentielles.