dimanche , 28 avril 2024
enfrit
« La dynamique Ravalomanana entame sa dérive », dixit Rakotovahiny, président national de l?UNDD, Premier ministre sous Zafy Albert. Député de Toliara II sous la IIIè République première version, il n?a cette fois pas été élu. Interview.

Emmanuel Rakotovahiny : « La dynamique Ravalomanana entame sa dérive ! »

Vous avez été candidat à Toliara II. Qu?est-ce qui se passe à Toliara ?
J?ai passé 18 jours à Toliara dont 15 jours en campagne électorale. Ce qui s?est passé c?est la même chose en de telle période. Pour Toliara I, je ne sais pas grand chose mais pour ce qui est de la circonscription dans laquelle je me suis porté candidat, il s?est trouvé que l?on ne peut toujours pas croiser le fer avec le candidat du pouvoir ou le supposé comme tel. Pire, J?ai constaté que la dynamique Ravalomanana entame déjà sa dérive. Des candidats du TIM qui se font accompagner par des autorités avec des moyens énormes comme lors des présidentielles. Aucune sensibilisation en faveur d?un programme n?a de prise quand
en face de soi on joue sur la pauvreté des gens. Les électeurs avaient à choisir entre la bouffe et l?argent tendus par l?un et les convictions et le travail de longue haleine offerts par l?autre.


Vous semblez vouloir dire que les dés étaient pipés ?
A priori et avant que la campagne ne débute, rien n?indiquait qu?il en serait ainsi. Mais une fois sur le terrain on s?est vite rendu compte que les dés étaient pipés avant que la véritable campagne électorale ne s?ouvre. Mais personne, ni aucun organisme ne pouvait empêcher que cela soit ainsi ; tellement l?imbrication entre l?administration, le parti et l?entreprise commerciale était subtile. Les observateurs de longue durée de la mission d?observation, Luis Gaviria et Alborghetti Serena, envoyée par l?Union européenne ont certainement vu et enregistré la vente de ces bicyclettes la veille du scrutin, le 14 décembre 2002 chez Magro à Toliara.


Mais ces bicyclettes étaient déjà prévues ?
Le président Ravalomanana les a promises et curieusement, elles arrivent au moment de la propagande électorale. Transformées en instruments de propagande, relèvent-elles du programme du président ou du marketing du groupe Tiko ou du TIM ? Franchement c?est dénaturer le scrutin et contraire à ce qu?on voulait faire de ces élections comme des élections justes, libres et dans lesquelles tous avaient les mêmes chances au départ face à un électorat libre. L?Arema et le régime Ratsiraka ont très vite fait des émules très performants !
Ces observateurs n?ont vraisemblablement pas manqué de rencontrer durant la campagne les camions pleins de vivres que le TIM et partenaires ont distribué pour convaincre les électeurs à voter pour Samy, le candidat du TIM à Toliara II ! La visite du Premier ministre, Secrétaire général du TIM accompagné par Norbert Lala Ratsirahonana, n?était pas gratuite. Sur la Place Soafilira à Toliara, ils ont mis la population en garde contre une grosse pointure de l?opposition dans la course dans les parages. Ce à quoi, Samy, le candidat du TIM dans la circonscription de Toliara II, a répondu qu?il n?y avait rien à craindre. A Ankililaoka, ce même Samy a par la suite déclaré que « 60% des votes n?étaient pas suffisants et qu?il fallait plus de 85% ». Ce qui présageait de l?issue du vote et ne pouvait signifier, qu?il y a anguille sous roche.


Pour quelles raisons vous êtes-vous lancé dans cette compétition électorale ?
Personnellement, aucune. C?est l?ambiance de changement qui prévaut qui m?a poussé. Et puis, il faut reconnaître que je suis le président d?un parti qui a ses responsabilités. D?ailleurs dans la fatigue de la campagne électorale je me suis toujours demandé ce que je fais dans cette galère. En fait vous avez raison quand vous posez votre question car ce ne sont pas les honneurs du député, ni ceux d?un homme d?Etat, et encore moins l?argent et les privilèges qui motivent ma candidature. Je suis un haut fonctionnaire de l?Etat à la retraite et en plus de mes pensions je gagne suffisamment pour le restant de mes jours. Je me suis porté candidat car je croyais que l?air du temps étant au changement, je pouvais espérer avec les moyens modestes que quiconque pouvait disposer, on pouvait apporter son savoir- faire, ses expériences et ses retours d?expériences à la nation. La pauvreté vécue par la totalité des habitants de l?île est telle que je ne pouvais pas demeurer les bras croisés.