vendredi , 17 mai 2024
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Traite de personnes, le terme est lâché par la ministre de la population de la HAT. Nadine Ramaroson s’insurge mais est impuissante comme le gouvernement dont elle fait partie. Le rapatriement du corps sans vie d’une jeune mère de 23 ans relance le débat sur la non considération à l’endroit des autorités malgaches qui met en danger les ressortissants vivant comme des esclaves dans un pays du Moyen-Orient.

Employées de maison au Liban : l’allusion à l’esclavage

Nivo Ramanantsolofo avait 23 ans. Son aventure libanaise tournait court, fatalement. C’est dans un cercueil qu’elle est rentrée au pays, deux mois après avoir rendu l’âme dans un pays où elle avait connu l’enfer. Ce décès n’est évidemment pas le premier, au contraire il fait partie d’une série macabre que le gouvernement en place essaie d’enrayer, sans succès. La ministre de la population de la HAT qui était présente à Ivato aux côtés de la famille de la victime n’a pas caché sa colère mais n’a pas voilé son impuissance. « Il faut absolument cesser d’envoyer des employées au Liban », a-t-elle clamé.

C’est officiellement suspendu jusqu’à nouvel ordre. Le ministère du travail et des lois sociales avait tranché ainsi avant de clarifier la situation sur le respect des droits des travailleuses malgaches au Liban. La ministre de la Population, Nadine Ramaroson, s’indigne du « culot » de certaines agences de placement qui osent encore faire pression sur le gouvernement afin d’autoriser à nouveau le recrutement de travailleuses malgaches. « Beaucoup d’agences osent demander au chef du gouvernement de reprendre la traite de personnes, pourtant condamnée par les normes internationales », tance-t-elle.

La ministre de la HAT fait un procès sans détour à ces agences de placement qui serait responsables de ces aventures mortelles en continuant à envoyer des jeunes femmes alors que les nombres des décès, de maltraitance et de séquelles graves ne cessent d’augmenter. Nadine Ramaroson se demande si ces gens « peuvent encore prétendre avoir du sang malgache dans leurs veines ». Malgré une fermeté affichée, la ministre ne peut que constater l’inefficacité de la décision gouvernementale de la HAT.  Certaines agences contournent l’interdiction en envoyant les jeunes femmes transiter par une île voisine dans l’Océan Indien. 

Nivo Ramanantsolofo était partie en septembre 2008 malgré la réticence de sa mère. Toute jeune maman d’un nourrisson, elle s’est laissé convaincre par une femme qui jouerait le rôle de rabatteuse pour une agence. « La première fois, je n’ai pas accepté qu’elle parte mais cette personne a continué à l’inciter à partir, raconte sa mère. C’est seulement un jour avant son départ que j’ai été au courant ». Elle rapporte que sa fille Nivo l’a mise devant le fait accompli en lui montrant un contrat de travail qu’elle doit absolument honorer au risque de rembourser de lourds frais de dossiers.

La dernière fois que Nivo Ramanatsolofo avait contacté sa mère, c’était en avril 2010. Elle était en sanglots alors que d’habitude elle était toujours joyeuse d’appeler sa famille au pays. Sa mère est convaincue que la jeune femme endurait de graves maltraitances. Suite à son décès, le corps de Nivo avait été autopsié. La cause officielle du décès est un anévrisme congénital. La famille ne croit pas à cette thèse d’une maladie qui aurait fauché l’une des leurs à 23 ans. Des marques suspectes qui auraient été constatées sur le visage de la victime ne font que renforcer ce doute.