samedi , 18 mai 2024
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L’autorité de fait minimise l’impact de l’officialisation des sanctions européennes, estimant qu’elles sont déjà effective depuis janvier 2009. Le gouvernement de la HAT tente de rassurer l’opinion, avançant que d’autres fonds sont disponibles, venant notamment de l’Asie. La propagande économique qui est censée contrer une initiative politique de l’UE déroute, la polémique est politique.

Financement parallèle de la HAT : 2ème chèque de 50 millions de dollars de Wisco

La HAT ne s’est pas pliée à l’accord de Cotonou pour revenir à un schéma de transition démocratique inclusive et consensuelle malgré l’évidence d’une sanction de l’Union européenne. D’après le ministre des Finances et du Budget, Madagascar n’avait pas beaucoup à perdre puisque l’Europe n’a plus versé un euro dans la caisse de l’Etat depuis janvier 2009. La suspension de l’aide budgétaire d’une nouvelle période de 12 mois ne change donc pas beaucoup de chose. La HAT se contente des aides à caractères humanitaires et sociaux qui permettent de contenter la population de base.

Cette intransigeance est renforcée par les nouvelles mannes financières qui proviennent des investisseurs asiatiques dont les pays ne s’embarrassent pas des principes démocratiques. Le consortium chinois Wisco a déposé un deuxième chèque de 50 millions de dollars auprès du ministre des Finances. L’argent n’est pas instantanément disponible mais il est bien là, affirme Hery Rajaonarimampianina. Une grogne est montée concernant l’effectivité de la première somme versée. « Ce n’est pas encore décidé mais l’on travaille déjà sur des indicateurs qui permettent de réviser la loi rectificative de finances », explique le ministre. Une loi qui sera une simple formalité puisqu’il suffit d’une simple ordonnance.

L’argent des chinois ne sera pas utilisé dans le budget de fonctionnement avait déjà prévenu Andry Rajoelina. Le ministre des Finances et du Budget de la HAT confirme que les 100 millions de dollars seront versés dans le budget d’investissement. Le fonds vient compenser le vide laissé notamment par la défection de l’aide européenne. Comme le 10ème FED est compromis, Madagascar dit adieu, ce n’est peut-être pas définitif, aux 500 millions d’euros qui lui avaient été promis. Le ministre des Travaux Publics de la HAT relativise : il n’y aura pas de construction de nouvelles routes mais le pays dispose d’un Fonds d’entretien routier qui est toujours opérationnel.

Le ministre de l’Economie de la HAT est moins optimiste. « Le fait que les routes ne sont pas construites aura un impact négatif sur le plan économique et social », concède-t-il. « C’est le peuple malgache qu’on sanctionne et non pas les dirigeants de la transition uniquement, constate Richard Fienena. L’impact sera ressenti par les citoyens ».

L’opposition à l’autorité de fait ne décolère pas à la suite de la confirmation de la sanction européenne. « L’UE a essayé de trouver une solution à la crise car elle ne voulait pas sanctionner Madagascar, critique un membre de la mouvance Ravalomanana. C’est l’intransigeance de certains et le non respect des accords signés qui sont la cause de tout cela ».

Le ministre de l’élevage s’improvise juriste de la HAT et dénonce les deux poids deux mesures de l’UE. « Il y a eu un changement de légalité à Madagascar, il ne faut pas comparer avec le Niger », dit-il. Selon Jean de Dieu Maharante, Andry Rajoelina a fait une déclaration forte comme d’autres putschistes qui ont été réhabilités. La non candidature du maire d’Antananarivo aux prochaines présidentielles et sa feuille de route unilatérale n’ont pas été jugés suffisants. La sanction n’a pas été évitée.