jeudi , 2 mai 2024
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Une opération coup de poing ou une opération communication, Andry Rajoelina est sorti de sa léthargie face à la recrudescence des attaques de « malaso » ou voleurs de zébus dans le sud de Madagascar. Le président de la transition a confié à son homme de main et chef de sa force spéciale pour mener la deuxième troupe déployée sur place, notamment dans le district de Betroka. Déjà critiqué pour son indifférence et son impuissance, le futur candidat à la présidentielle met sa crédibilité en jeu.

Insécurité dans le sud : Andry Rajoelina peut-il se rattraper ?

Andry Rajoelina a soulevé plutôt des questions au lieu d’apporter des réponses à la population. Visiblement, les services de renseignements et les forces de l’ordre n’ont pas été en mesure de démystifier un tel excès de violence sur fond de vol de zébus. « Comment cela se fait qu’ils aient des armes lourdes, comment peuvent-ils avoir des tactiques de haut niveau, quel est l’objectif de cette montée de violence, qui aident les malaso, qui en profitent… » ce sont autant de questions que s’est posé le chef de la transition devant la population de Betroka. Face à la presse, Andry Rajoelina s’avance un peu plus et évoque la possibilité d’une motivation politique sans minimiser l’intérêt économique.

Après des mois de tergiversations suite à l’échec de la première mission contre le chef des dahalo connu sous son nom de guerre Remenabila, l’exécutif se ressaisit. Un fonds de 600 millions d’ariary a été alloué à la lutte contre l’insécurité dans le sud. Un tel budget devrait alléger la charge qui pèse sur les villageois obligés de nourrir les soldats.

La réponse d’Antananarivo est une opération de grande envergure. Quelque 200 éléments issus de la gendarmerie, de l’armée et de la police nationale ont été dépêchés à Betroka. Une cinquantaine sont des éléments de l’élite, dont les gendarmes cagoulés du GSIS et les policiers cagoulés du SAG, sans oublier les commandos du RFI. Les différents corps de la capitale ont contribué en envoyant au front ses soldats.

« Les dahalo sont aussi bien armés que les forces de l’ordre » avait déploré Andry Rajoelina. Pour faire face et vaincre l’ennemi, l’armée sort sa soi-disant artillerie lourde. La milice de Remenabila et autres bandes organisées sévissant dans les régions de l’Anosy et de l’Androy seront accueillies avec des bazookas, des fusils mitrailleurs et des grenades défensives qui explosent sur un rayon de 50m. « On a aussi un hélicoptère qui sera basé pour une longue durée dans le sud » a annoncé sur un ton triomphal Andry Rajoelina.

Plus de trois mois après la parade dans le stade de Mahamasina, deux hélicoptères sont enfin mobilisés dans la guerre contre les dahalo. Les appareils ne sont pas appropriés pour le combat ni le transport de troupes. A part leur impact sur le moral des habitants, ils serviront surtout pour les missions de reconnaissance et de localisation de l’ennemi. Le chef suprême de l’armée de la HAT promet l’achat d’un autre hélicoptère militaire. En attendant, il peut pavoiser sur les premiers achats. « Quand on les avait achetés, il y a eu de nombreuses critiques. Aujourd’hui, c’est la population qui demande que l’on utilise les hélicoptères, que ceux-ci servent pour le maintien de l’ordre et pas seulement pour les campagnes électorales ».

Six mois après les premières attaques, un brillant conseiller a finalement soufflé à Andry Rajoelina la brillante idée de repérer les zébus volés et les dahalo par des images satellites. Pour ce faire, la HAT va solliciter la collaboration d’un grand pays. Même les hélicoptères seraient équipés de satellite (sic) ! Une telle aberration relève sans doute d’un lapsus lié à un excès de zèle.

C’est au commandant du bras armé de la HAT que le présumé chef suprême a confié le commandement de la troupe parti au front, à Betroka. Andry Rajoelina désavoue logiquement l’inefficace général Manakay et place tout son espoir et sa confiance chez le colonel Lylison René qu’il décrit comme un expert dans la lutte contre les dahalo. L’homme a acquis une certaine réputation dans le démantèlement de bandes de dahalo, suscitant la crainte après le nettoyage de tout un village peuplé uniquement d’hommes et avec aucun survivant.

Les renforts d’Antananarivo préviennent les habitants qui auraient des membres de la famille parmi les dahalo de raisonner ces derniers. La riposte est annoncée sans merci. Inconscience ou provocation, un groupe de 6 malaso ont volé 8 zébus dans un village situé à seulement 6 km de Betroka, juste après l’arrivée de la troupe du colonel Lylison.