samedi , 18 mai 2024
enfrit
Le premier ministre du gouvernement d’union nationale prend du service mais son équipe est encore loin d’être formée. Les quatre mouvances bloquent toujours sur le partage des « responsabilités » mettant ainsi un coup d’arrêt à la mise en place des autres instances et institutions de la transition. La menace d’une sanction internationale contre Madagascar est à nouveau évoquée.

Institutions de la transition : le blocage se durcit

A l’issue de la rencontre de la dernière chance à Addis Abeba, l’espoir d’une sortie de crise a été permis. C’était sans compter sur la difficulté de trouver un autre consensus sur la répartition des responsabilités ou des sièges, à commencer par le gouvernement d’union nationale. Le premier ministre de consensus Eugène Régis Mangalaza a pris officiellement ses fonctions à Mahazoarivo, lundi 16 novembre. Pas de conseil de gouvernement mais une prise de contact avec le personnel de la primature et une réunion avec le staff déjà en place. Cette prise de fonction devait se faire après la publication de la liste des membres du gouvernement proposés par les quatre mouvances politiques.

Eugène Mangalaza s’impatiente et monte au créneau pour dénoncer l’attitude des mouvances à se disputer les portefeuilles ministériels, bloquant ainsi le processus d’application des accords politiques et de la charte de la transition. Il regrette que son gouvernement ne soit pas encore formé, accusant les protagonistes de faire preuve « d’insuffisance de patriotisme ». Si les sanctions internationales allaient être levées après Addis Abeba, tout est remis en question aujourd’hui tant que les dispositions de la charte de Maputo et l’acte additionnel ne sont pas réalisées.

Le premier ministre Mangalaza aurait refusé de faire la passation de service avec le vice-premier ministre Cécile Manorohanta qui a été chargée des affaires courantes après que l’ancien chef du gouvernement de transition Monja Roindefo ait été écarté. De toute manière, la passation de service entre les deux premiers ministres a été effectuée de manière officielle à Mahazoarivo, alors que celui qui refusait de quitter les lieux n’était plus reconnu par le président de la Haute Autorité de la Transition, Andry Rajoelina. 

Et pourtant, les discours des politiciens ne reflètent pas le blocage inextricable de la formation du gouvernement de consensus. Pour le co-président de la transition Fetison Andrianirina, « la formation du gouvernement est très urgente afin qu’il y ait un retour de l’ordre public, ce qui est prioritaire, et une application de l’accord signé à Addis Abeba, ce qui est important ». Pour le président de la transition, Andry Rajoelina, « le partage des ministères ne devrait pas constituer un problème ». Sa mouvance campe toutefois sur sa position, essayant de garder le contrôle des ministères de souveraineté et des départements stratégiques comme l’Education nationale.

Emmanuel Rakotovahiny, l’autre président de la transition est sorti de son silence pour dénoncer la « guerre des sièges » menée par les trois autres mouvances. La mouvance Albert Zafy continue à se montrer conciliant sur les portefeuilles ministériels qui lui seront attribués mais montre des signes d’impatience et d’irritation. Mamy Rakotoarivelo, le président du congrès issu de la mouvance Ravalomanana lui n’a reçu aucun retour de sa lettre adressée aux mouvances, requérant les noms proposés. « Il se peut que des ministrables ne soient pas pris dans le gouvernement et seront reconduits vers le congrès ou le CST », a-t-il expliqué. Il faudra attendre la dernière heure avant la tombée des sanctions internationales pour que l’important partage des ministères soit une urgence.