jeudi , 2 mai 2024
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Jamais trois sans quatre. Le premier ministre Jacques Sylla est pour la quatrième fois devant les députés afin de présenter le programme de son gouvernement. La copie ne présente aucune modification majeure, sauf l?ajout des directives émanant du président de la République.

Jacques Sylla promet des actes et non des miracles

Le train est déjà en marche. Le premier ministre Jacques Sylla s?est contenté de présenter un résumé du programme de son gouvernement qui est déjà présenté trois fois, en mars 2002 à l?époque de la fameuse légitimité devant le collectif de députés qui a reconnu le président Ravalomanana, en juin et en juillet 2002. La politique de l?Etat est déjà en application et il y a déjà des premiers résultat a rappelé Me Sylla. Dans sa mission de développement économique, social, culturel et politique, l?administration centrale travaille de concert avec les bailleurs de fonds, la société civile, les élus et le secteur privé. En respectant le DRSP (Document stratégique de lutte contre la pauvreté), le développement rapide et durable, cité parfois à outrance ces derniers temps, consiste sur le plan concret à réduire de 50% la pauvreté d?ici dix ans. 

La bonne gouvernance demeure le principal objectif de l?administration Sylla. Respect de la démocratie, transparence, décentralisation, rapidité et efficacité, partenariat avec le secteur privé et la société civile, lutte contre la corruption? le gouvernement n?a pas encore fait ses preuves. «Nous avons entre les mains les destinés de la nation, il n? y a pas eu une occasion pareille pour développer le pays» a affirmé le premier ministre. Il espère une collaboration des députés mais ne promet pas pour autant de faire des miracles. « Donnez-nous un peu de temps pour travailler en toute sérénité, vous allez constater par vous-même les résultats », a lancé Jacques Sylla à l?endroit des parlementaires. Et de continuer « J’attends de vous une collaboration mais je ne promets pas des miracles ».

Sur un plan plus technique, le gouvernement adopte une politique monétaire où le rôle du secteur privé gagne en importance. Il table sur une croissance économique situé entre 8 et 10%. La part des investissements privés dans le PIB sera porté à 10 ? 12%. Le premier ministre s?attend à de meilleures recettes fiscales grâce notamment à l?informatisation des services douanières. Une réduction des dettes sera négociée auprès des bailleurs de fonds. Parmi les mesures incitatives à l?endroit du secteur privé, on peut citer la baisse du taux de base des banques privées, la baisse des taux de réserve obligatoire des banques, la mise en place d?un comité d?appui au pilotage de la relance des entreprises… Après l?échec de la nationalisation des entreprises, on a amorcé « un demi-tour à droite à 180°» a fait remarquer le premier ministre avant de signaler le caractère désormais incontournable du secteur privé que le gouvernement aura à consulter sur certaines décisions. 

La stratégie économique du gouvernement met l?accent sur le renouvellement des infrastructures. Le super-ministère du Vice premier ministre Zaza Ramandimbiarison aura la tâche de construire et de réhabiliter les routes, d?étendre le réseau de chemin de fer vers le sud et le nord, de construire des ports autonomes à Toliara et à Antsiranana, d?améliorer les aéroports? Les opérateurs privés seront mis à contribution pour ces grands travaux.  A part cela, le gouvernement mise beaucoup sur les secteurs pourvoyeurs de devises comme le tourisme (offices du tourisme dans chaque région, réserves foncières), les mines (application du code des grands investissements, bureaux des cadastres miniers, lutte contre les exportations illicites), la pêche (élevage de crevettes), les industries exportatrices et les artisans. 

Durant, le quatrième grand oral du premier ministre devant l?Assemblée nationale, les députés ont demandé à ce que la loi budgétaire 2003 soit examinée. L?actuel budget de l?Etat, estimé à quelque 14 840 milliards Fmg (2 182 353 000 euros) est appliqué depuis le 02 janvier dernier, après avoir été promulgué par une ordonnance signée par le président de la République. Les parlementaires ne souhaitent pas attendre la session ordinaire du mois de mai qui devrait, à leurs yeux, être consacré à l?examen de la loi rectificative des finances. Les députés auront à patienter. Ils n?ont même pas eu la «permission» de poser des questions au premier ministre et ont été astreints à faire des propositions. Les «contrevenants» réprimandés par une mention d?ordre par le tout nouveau président de l?Assemblée Nationale, Lahiniriko Jean. Le voile ne sera pas levé sur les détails du budget 2003. Avec une large majorité obtenue par le parti présidentiel à l?Assemblée, le premier ministre ne risquait pas grand chose lors de cette session vraiment extraordinaire.