vendredi , 17 mai 2024
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Le médiateur de la SADC, de l’UA et du Groupe international de contact ne renonce pas. Après avoir émis un rapport sur la nécessité de résoudre la crise malgache en traitant les questions en suspens, Joaquim Chissano présente un projet d’accord aux mouvances politiques concernées. Le rendez-vous de Pretoria II est toujours d’actualité.

Joaquim Chissano : un nouvel accord proche de Maputo pour Pretoria II

La feuille de route de la transition préconisée par le médiateur de la communauté internationale tient compte des développements de la situation politique à Madagascar. Joaquim Chissano semble résigné à imposer l’application stricto sensu des accords signés à Maputo et Addis Abeba. Pas question pour autant d’en tirer un trait ni de suivre Andry Rajoelina dans sa démarche unilatérale.

Le projet d’accord pour la fin de crise à Madagascar reprend les grandes idées déjà validées par signature pour mettre en place une nouvelle transition qui sera consensuelle et inclusive. Comme les trois autres chefs de file l’avaient déjà concédé, Andry Rajoelina reste le président de la transition et assume la fonction de chef d’Etat. Celui qui a été élu maire d’Antananarivo aura donc la tâche de nommer le premier ministre et les membres du gouvernement.

La clé de répartition de l’équipe gouvernementale est équilibrée, avec 6 ministres pour chaque mouvances et autant pour les autres sensibilités. Le partage a été fait même s’il reste quelques ministères qui font encore l’objet de litige. Il s’agit notamment du ministère de la Décentralisation et Aménagement du territoire disputé à la mouvance Rajoelina, la Communication à la mouvance Ravalomanana, l’éducation nationale à la mouvance Ratsiraka et l’Energie et Mines à la mouvance Zafy.

Ce régime de transition ne doit pas dépasser un délai de 12 mois, à compter de la date de signature de l’accord. Parmi les autres grands points de cette proposition d’accord, la mise en place d’un Conseil national de réconciliation paraît incontournable. Cet organe de la transition va travailler sur la « vérité et réconciliation » pour éviter la répétition de crise cyclique. Une nouvelle commission nationale électorale est aussi prévue et sera composée de manière consensuelle. Elle est présentée comme une garantie nécessaire à la tenue d’élections justes et crédibles, tout en étant démocratique, à savoir libres et transparentes.

Pour ce qui est du calendrier électoral, le médiateur rejette la feuille de route Rajoelina. Selon Joaquim Chissano, il faut attendre la mise en place d’une nouvelle constitution par le référendum avant d’être fixé sur le mode de gouvernance et les institutions à mettre en place et par conséquent, établir les dates des élections. La fin de la transition coïncide avec l’élection d’un nouveau président de la République et non pas l’adoption d’une nouvelle constitution. Ce qui justifie encore moins la tenue des législatives avant les présidentielle.

Le médiateur insiste sur la nécessité de baser la transition sur un accord politique. Les parties concernées doivent s’engager à œuvrer ensemble pour une solution authentique mais acceptée par les malgaches et par la communauté internationale. Cette solution doit être viable et durable, en plus de remplir les incontournables critères de « consensualité » et « d’inclusivité ». L’accord proposé par le médiateur Chissano a l’ambition de régler les problèmes politiques de Madagascar une bonne fois pour toutes.

Un artisan confirmé de la paix, l’ancien président mozambicain prévoit des mesures de confiance et d’apaisement. Il appelle les mouvances politiques malgaches à mettre fin à la division et à entamer un processus de réconciliation nationale. Le médiateur veut s’assurer de la mise en œuvre de cet accord et prévoit d’installer un bureau permanent à Madagascar durant la période de transition.