jeudi , 2 mai 2024
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La Commission électorale nationale indépendante a pris officiellement ses fonctions, vendredi 26 mars 2010 en présentant serment auprès de la Cour suprême. Malgré le controverse et le blocage sur le plan politique, cette institution censée être neutre et indépendante part avec l’handicap d’être taxée à tort ou à raison une institution de la HAT.

La HAT intronise la CENI malgré un climat d’incertitude

Ils ne sont que seize et manquent à l’appel les trois représentants de l’opposition qui n’ont pas encore été désignés. Les membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI )  ont présenté serment auprès de la cour suprême. En résumé, ils jurent de travailler en toute indépendance, de préserver le secret professionnel, de respecter la Constitution de la république et les lois. Comme la Constitution est momentanément suspendue, les membres de la CENI auront à appliquer et respecter l’ordonnance portant réorganisation de la transition, reconcentrant tout le pouvoir aux mains de la mouvance Rajoelina. Cette dernière dispose là d’une arme parfaite pour avancer de manière unilatérale, s’éloignant encore plus de la charte de Maputo et d’une transition consensuelle et inclusive.

« Cette commission est réellement indépendante et transparente, les personnalités qui la composent ont toutes leur crédibilité », se défend Maria Raharinivonrina qui représente les autres sensibilités politiques au sein de la CENI. Elle relativise l’absence de l’opposition ajoutant que les mouvances politiques n’ont pas le droit de délibération mais sont présentes à titre consultatif. Selon Mamy Andrianirina qui est issu d’une organisation d’observation des élections, l’impératif est « d’assurer la réalisation de la mission de la CENI et veiller à ce qu’il y ait des élections transparentes et fidèles aux choix du peuple afin que la vérité des urnes triomphe ». Pour la HAT, la pratique de la chaise vide dans la CENI n’est pas une solution si l’on veut sortir de la crise.

Le procureur Ravelotsalama qui officie à la Cour suprême a rappelé les grandes lignes de la mission et les responsabilités de la commission électorale. La CENI remplace le CNE, l’ancienne commission nationale électorale qui, comme son nom l’indique, n’était pas tout à fait indépendante mais vouée à un rôle d’éducation et d’observation pour préserver la morale électorale et démocratique. Bref, cette CENI aura la charge de préparer, d’organiser et de contrôler les élections. Elle désigne les personnes qui vont s’occuper des préparatifs des scrutins. Elle empiète sur la plate-bande du ministère de l’Intérieur dans la préparation de la liste électorale. Mieux, c’est la CENI qui aura le dernier mot lors de l’arrêtage de ladite liste. La confection de la carte électorale lui incombe aussi. Sur ce point, le débat sur le caractère obligatoire d’avoir une carte d’électeur pour voter n’est pas encore réglé. La CENI peut-elle assumer ce lourd impératif logistique ou devra encore dépendre du ministère de l’Intérieur.

Pour ce qui est des opérations électorales, la CENI contrôle le déroulement du vote et veille à ce que la loi électorale soit appliquée. Elle contrôle le comptage des voix. Ce qui nécessite à avoir un « délégué » dans chaque bureau de vote. On attend beaucoup de la commission en ce qui concerne la collecte des résultats. La présence de la CENI au niveau des collectivités relèverait-elle de la décentralisation ou de la déconcentration. Toutes les décisions ou les arbitrages seront-ils prononcés au niveau central. Des inquiétudes légitimes subsistent sur la mise en pratique de cette réforme électorale. La CENI reçoit toutes les informations relevées par les observateurs des élections. C’est elle-même qui donne l’agrément aux personnes ou organisation qui vont participer à cette mission d’observation.