vendredi , 10 mai 2024
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L?équipe au pouvoir tient à organiser des élections libres. Pour ce faire, elle a tenté de réunir autour d?une table tous les acteurs politiques. Le but, à terme, est de parvenir à une alternance sans altercations. Mais une aile de l?opposition a refusé la main tendue.

La quête de l?alternance douce

L?opposition radicale ne sait plus sur quel pied danser. Dans ses balbutiements habituels et ses tergiversations, elle a refusé de dialoguer avec le pouvoir. Elle a bel et bien raté une occasion de s?exprimer alors que l?équipe au pouvoir a tenu à réunir tous les partis politiques à une séance d?échange de point de vue et de concertation au sujet de l?élection présidentielle du 3 décembre 2006.
Depuis quelques mois, l?opposition radicale est regroupée au sein d?une entité dénommée 3FN, dont certains membres refusent toujours la légalité de l?élection de Marc Ravalomanana à la magistrature suprême, plus de quatre ans après l?arrivée de ce dernier au pouvoir. C?est à cette opposition récalcitrante, comme à toutes les autres formations politiques du pays, que l?invitation à une concertation a été adressée par la présidence de la République de Madagascar. Pourtant les 3FN ont préféré aller voir ailleurs, au risque de voir l?opinion publique se désintéresser complètement de leur démarche.


Crédibilité
Beaucoup d?analystes l?ont déjà dit et le disent encore aujourd?hui : l?opposition a beaucoup perdu de sa crédibilité. C?est, estime-t-on, à juste titre que des hommes politiques d?un certain âge, comme les Ratsirahonanana Norbert, ancien Premier ministre et ancien chef d?Etat par intérim, et Manandafy Rakotonirina, président national du parti MFM, ont refusé jusqu?à présent de grossir le rang de cette opposition radicale, aux démarches floues. Les deux hommes, pourtant, tout en figurant dans la liste des hommes politiques supposés proches du président Marc Ravalomanana, ont adopté depuis longtemps un langage très critique à l?égard du régime.



Alternance
En tout cas, le souhait de l?ensemble de l?opinion publique est claire. Que l?alternance se fasse dans la douceur. Que l?après Ravalomanana ne soit pas le chaos. Que la passation de pouvoir se déroule, définitivement, sans altercations. Et, enfin, que la crise post-électorale de 2002 et la grève générale de 1991, et, dans une moindre mesure, le mouvement populaire de 1972, fassent partie pour de bon de l?histoire. « Plus jamais çà ! », entend-on souvent murmurer. Les crises politiques, il est vrai, ont fait perdre de l?argent, de l?emploi, des vies et, pour certains, du temps. Mais, aujourd?hui, beaucoup de citoyens voudraient bien que l?histoire ne soit pas nécessairement un éternel recommencement. Une élection doit suffire. Et c?est à la portée des Malgaches. L?ancien président Didier Ratsiraka, en 1991 comme en 2002, ne voulait quitter le pouvoir qu?au prix d?une grève générale et du sang versé. La page a été tournée. La population s?attend actuellement à ce que ses aspirations soient entendues et acceptées à travers les urnes, mais non plus autrement.



Concertation politique
La démarche du bloc au pouvoir, actuellement, vise en partie à ce que les élections futures ne débouchent plus sur un nouveau bras de fer post-électoral. Une quarantaine de partis politiques ont déjà émis leurs opinions respectives au sujet de la présidentielle de décembre 2006. Les autres formations politiques, absentes à la concertation du palais de Iavoloha, le 29 mai, sont encore conviées à envoyer, par écrit, leur proposition. Le président du sénat, Rajemison Rakotomaharo, qui a représenté l?équipe au pouvoir au cours des débats, a affirmé que toutes les suggestions seront les bienvenues. C?est seulement après un débat de fonds que les résolutions, en vue de garantir la transparence du vote, lors des élections à venir, seront formulées. Le président Marc Ravalomanana a spécifié, pour sa part, que c?est sans doute la première fois que la date de la présidentielle soit annoncée plus de sept mois avant l?échéance. Histoire d?alléguer que la chance de réussite est la même pour tous. Et que personne ne pourra par la suite affirmer avoir été pris au dépourvu.