jeudi , 2 mai 2024
enfrit
Les membres du corps diplomatique assistant à la cérémonie de la proclamation des résultats du 29 avril dernier semblent être réticents au verdict rendu par la Hcc. Aucun « vazaha » n'a applaudi.

La reconnaissance internationale est loin d’être acquise !

« Il est trop tôt pour affirmer que Marc Ravalomanana
est vainqueur ». Une phrase surprenante de
l’Ambassadeur de l’Algérie Sem Abderaman Benmoktar en
sortant de la salle.
Ce qui semble déjà affirmer que
le Doyen du corps diplomatique n’a pas immédiatement
reconnu en Marc Ravalomanana Président de la
République de Madagascar comme stipulait le verdict de
la Hcc. Les autres diplomates et ambassadeurs présents
à la cérémonie semblent partager le même avis que lui.
Leurs regards furtifs envers les journalistes
demandant une interview permettent de le confirmer.
Ils ont tous eu le même geste. « N’interviewez pas
l’ambassadeur, je vous appellerai quand l’Union
Européenne organisera une conférence de presse sur ce
verdict » disait un proche de l’ambassadeur de la
République fédérale d’Allemagne. L’ambassadeur de
Japon, Sem Seigi Hinata a, lui-aussi, refusé d’être
interrogé. « Non » avançait-il en faisant un signe de
négation. Aucune conférence de presse n’est annoncée
aux médias jusqu’à maintenant. « Ils attendent
peut-être l’arrivée des missionnaires de l’Oua et de
l’Onu prévue ce jour » disait avec discrétion un agent
d’une ambassade questionné ce jour.

Apparemment, ils se seraient attendus à un autre
verdict, autre que celui annoncé par la Hcc.
Ils
auraient préféré « un référendum populaire portant sur
le choix entre les deux candidats? » comme stipule
l’article 3 de l’accord de Dakar.

Toute la communauté internationale aurait, dès le
début, eu le même point de vue, la même solution à
avancer : un référendum. Le communiqué de l’ambassade
des Etats-Unis d’Amérique à Dakar semble le
réaffirmer. Bien qu’en retard car signé la veille de
la proclamation des résultats, le 28 avril 2002, le
communiqué avance que « le gouvernement des Etats-Unis
d’Amérique est disposé à fournir une assistance
appropriée en vue d’un référendum libre et juste à
Madagascar. Il signifie que les Etats-Unis d’Amérique
ne pensaient pas à la victoire au premier tour de Marc
Ravalomanana.

S’il existe vraiment des clauses verbales de Dakar,
les observateurs, surtout les pro-Ravalomanana
trouvent inutile « le décompte contradictoire des voix
de l’élection du 16 décembre 2001 » par la Hcc.
Ce geste de la communauté internationale semble être
la seule bouée d’oxygène de l’Amiral Didier Ignace
Ratsiraka. La mission de l’Oua et de l’Onu attendue ce
jour risque de ne pas reconnaître le verdict de la Hcc
et par la suite de donner raison à Didier Ratsiraka.

L’arrivée de l’Oua après l’investiture du Président ?

La « 2ème » investiture du « nouveau » Président Marc
Ravalomanana se fera vendredi 03 mai prochain. Un
Président qui ne veut plus faire marche à arrière?Son
investiture verra – elle la présence du corps
diplomatique ? La reconnaissance internationale ou non
se justifierait donc vendredi au plus tard.

Apparemment, Le Président sénégalais Abdoulaye Wade
n’a pas tenu sa promesse qu’il a lancée lors de la
signature de l’accord de Dakar. Une promesse
« chimérique » selon laquelle les chefs d’Etat africains
et les facilitateurs de l’accord dont le Secrétaire
Général de l’Oua Amara Essy se précipiteront à
Madagascar au cas où le non-respect de l’accord se
manifesterait et où son application s’avérerait
difficile.  » Dans ce cas, avisez-nous, nous sommes
prêts à nous rendre à Madagascar, nous nous réveillons
et partirons la-bas même s’il fait 3 h du matin »,
signalait ce Président sénégalais.
Jusqu’à preuve du
contraire, aucun facilitateur de l’accord n’est pour
le moment dans les murs malgaches.
La mission
officielle de l’Oua dirigée par le ministre des
Affaires étrangères sénégalais lundi dernier, jour de
la proclamation des résultats, était apparemment
annulée, ou « éternellement » retardée pour hier.

Attendue mardi 30 avril dans la soirée, son éventuelle
arrivée n’est pas encore confirmée. Des bruits courent
que l’Oua n’aurait pas voulu débarquer à Madagascar
avant l’investiture du nouveau Président Marc
Ravalomanana. Ce qui signifie qu’aucun dialogue entre
ce dernier et l’Oua pour une éventuelle médiation ne
sera possible qu’après vendredi. Les proches de
Ravalomanana prennent ce geste de l’Oua et de
facilitateurs de l’accord comme une poltronnerie
apparente. Un membre de Kmmr n’a pas ménagé ses mots à
l’endroit de l’Oua: « On n’a plus besoin de la
médiation de l’Oua. Pourquoi le Président Wade n’est
pas venu à Madagascar 2 jours après la signature de
l’accord vu que son application est difficile voire
impossible dès le début ? Si l’Oua est là pour
fustiger notre Président de ne pas avoir respecté les
clauses soi-disant verbales, qu’elle donne une demande
d’explication à Didier Ratsiraka d’abord de ne pas
avoir appliqué l’article 5 de l’accord. Ce qui compte
pour nous, c’est l’accord écrit de Dakar qui a été
annoncé urbi et orbi. On ne vit plus dans l’ère de la
tradition orale. Sinon, les chefs d’Etat africains
signant cet accord avec les deux protagonistes
auraient trompé les Malgaches « .

Quelle sera la première réaction de l’Oua dès leur
arrivée, si arrivée il y aura ? Qu’est ce qu’elle
condamnera du côté de Ravalomanana, la Hcc qui a
proclamé les résultats ou le nouveau Président
Ravalomanana qui sera investi vendredi par celle-ci ?
Du côté de l’ancien Président, qu’est ce qu’elle
fustigera, Didier Ratsiraka qui prône l’unité
nationale en mettant en place une confédération des
Etats ou les « barragistes » dont Didier Ratsiraka se
retirait de ne pas être le responsable de leur mise en
place ni de leur levée ? Des questions qui attendent
l’arrivée de l’Oua à Madagascar et qui la mettent dans
une « autre préoccupation », autre que celle du verdict
de la Hcc…