dimanche , 12 mai 2024
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Le Comité pour la réconciliation nationale (CRN), dorénavant, forme l'opposition que le nouveau pouvoir n'attendait pas, et, visiblement, il suscite de plus en plus la réticence.

Le CRN agace

Sans pour autant l’admettre solennellement, le Comité pour la réconciliation nationale (CRN), dirigé par l’ancien président Albert Zafy, constitue le principal groupement d’opposition au nouveau pouvoir. Sillonnant diverses provinces de la Grande Ile, les membres fondateurs du CRN, en adoptant un ton de plus en plus caustique, lancent des critiques tous azimuts à l’endroit de l’équipe du nouveau président de la République, Marc Ravalomanana. Adoptant, dans certains cas, des propos frisant le tribalisme, le CRN est, aujourd’hui, soupçonné par des proches de Ravalomanana de jouer le jeu de l’ancien dictateur, Didier Ratsiraka, tel le général Razakarimanana, chef de province à Antananarivo, qui reproche au CRN d’avoir accepté des « milliards de francs » venus directement de Paris où M. Ratsiraka s’est exilé. Et ce, afin de financer, selon le Chef de province, des actions de déstabilisation du nouveau pouvoir.

Le principal leitmotiv du CRN, au cours de ces meetings en province, a trait aux arrestations qui ont essentiellement pour cibles des originaires des régions côtières. Et tout dernièrement, c’est l’interpellation, par la Justice, du maire de la ville de Toamasina (Est) qui a provoqué le courroux du CRN. Le maire Roland Ratsiraka, neveu de l’ancien Chef d’Etat, est soupçonné d’avoir collaboré avec les miliciens et les militaires rebelles au moment fort de la crise malgache. En réponse à cette interpellation, le CRN a prévu de mobiliser tout Toamasina en vue de ce que l’on pourrait qualifier de début de contestation du nouveau pouvoir. Sauf que la population de ce présumé fief politique de la famille Ratsiraka n’affichait guère la volonté de répondre à cet écho. Quelques centaines d’individus seulement ont répondu à l’appel du CRN, samedi et lundi, tandis que son projet de ville morte, toujours à Toamasina, a échoué.

Face à cette position, plutôt radicale, du CRN, le parti AREMA, le parti de M. Ratsiraka, semble vouloir prendre la distance vis-à-vis de cette entité qui prône paradoxalement la réconciliation nationale. Le comité directeur de l’AREMA, en constatant l’évolution de la situation, a dit OUI à l’alternance du pouvoir. Ce qui, a priori, n’est pas le cas pour le CRN. Un groupe d’hommes politiques, issus de différentes formations politiques, comprenant des membres AREMA, à Toamasina, avaient même émis l’idée de museler le CRN. Mais le nouveau pouvoir voit, pour l’instant, la réalité autrement.