jeudi , 2 mai 2024
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Le deuxième supposé débat télévisé entre les deux candidats à la présidentielle était un peu trop théorique. Normal, il n’était pas destiné à convaincre les électeurs, mais les représentants de la communauté internationale et les partenaires financiers. Hery Rajaonarimampianina prône une diplomatie au service de l’économie alors que son adversaire lui reproche de miroiter des investisseurs douteux et des probables financements parallèles occultes.

Les faux débats de la présidentielle sur la diplomatie


Relations économiques et coopération militaire

Le candidat de Rajoelina s’est montré plus rassurant envers les investisseurs que son jeune mentor sur la question des contrats miniers. Hery Rajaonarimampianina privilégie la continuité de l’Etat mais n’a pas manqué de fustiger la faible redevance perçue jusqu’ici par l’Etat malagasy sur l’exploitation de ses ressources non renouvelable.

De cette pique lancée contre le régime Ravalomanana, Jean Louis Robinson a trouvé la parade par une explication rationnelle et met en garde contre le populisme qui altère la vision des choses. « Ces grandes sociétés minières ont investi durant des dizaines d’années dans la recherche et les études avant de mettre en place le système de production. Il est normal qu’on leur donne du temps pour récupérer leur mise avant une renégociation du contrat dans le cadre des lois internationales ».

Qui sera le plus à même de faire venir les investisseurs et de favoriser le retour des bailleurs de fonds ? Hery Rajaonarimampianina se montre très ambitieux et non moins prétentieux, mais son adversaire reste sceptique. Jean Louis Robinson fustige le régime putschiste sur le cas de la suspension de l’AGOA. Plus de 300 000 salariés et environ 1,5 million de personnes en ont fait les frais.

L’implication de Madagascar dans les organisations continentales et régionales a été largement abordée. Curieusement, le débat était porté sur la participation militaire lors des opérations de maintien de la paix. Ce n’est pas étonnant puisque l’animateur engagé par la télévision nationale est un général doublé d’un spécialiste en relations internationales.

Les deux candidats ont été invités à révéler les pays qu’ils vont privilégier pour les relations bilatérales. La tendance de Jean Louis Robinson serait les pays anglo-saxons et l’Afrique anglophone, poursuivant la stratégie diplomatique de Marc Ravalomanana. Hery Rajaonarimampianina est plus ouvert aux pays émergents qui ont soutenu Andry Rajoelina durant la mise à l’écart de Madagascar suite au coup d’Etat de 2009.


Lequel des deux est-il le candidat de la France

Qui aura la faveur de la France, telle est la vraie question. Non, Andry Rajoelina n’a plus les faveurs de Paris depuis le changement à l’Elysée. Il a même été prié explicitement de ne pas se porter candidat à la présidentielle. Ce désaveu s’explique par le fait que la France ne veut pas apporter son soutien à un candidat qui a occupé les premiers rôles durant un régime non reconnu. Du coup, celui qui a pris le pouvoir de manière non constitutionnelle en 2009 n’aide pas vraiment un Hery Rajaonarimampianina qui a été son grand argentier durant une grande partie de la transition.

Le Hery Vaovao a donc une crainte légitime de ne pas bénéficier du soutien inconditionnel de la France malgré le fait que certains candidats du premier tour adoubés par Paris ont grossi les rangs de sa toute nouvelle mouvance. Pis, il redoute une connivence entre le pouvoir français actuel et le futur président malgache Jean Louis Robinson. Hery Rajaonarimampianina crie au conflit d’intérêts, car son adversaire a la double nationalité et est membre du Parti socialiste français.

On aura appris durant ce débat sur la diplomatie que l’histoire familiale de Jean Louis Robinson est très liée à la France. Le docteur est le petit fils d’un officier français qui avait épousé une princesse Merina. Il révèle avec une note d’humour avoir des origines chinoises, ce qui le rendrait encore plus ouvert sur le plan diplomatique. Sans complexe, il assume son appartenance à une Grande Loge comme c’est le cas de nombreux hommes de pouvoir dans le monde et en particulier en France.

Jean Louis Robinson déclaré avoir pris de recul par rapport à la franc-maçonnerie et au parti PS depuis sa candidature. Son adversaire qui ne possède pas les mêmes atouts tente de le diaboliser. Hery Rajaonarimampianina peut-il espérer le soutien d’une France dirigée par les socialistes et qui compte de nombreux « frères et sœurs » membres des Loges dans les arcanes du pouvoir, à commencer par le gouvernement.