vendredi , 10 mai 2024
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Les négociations sur la crise malgache n'ont pu aboutir. A priori, le projet d'accord soumis aux deux parties ne pouvait satisfaire ni le président ni l'ex-maire de la capitale. La Grande Ile entre dans une logique de rapport de force.

Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina: L’impossible accord

Ni Marc Ravalomanana, ni Andry Rajoelina, a priori, ne pouvait être satisfait d’un projet d’accord que les initiateurs du dialogue entre les deux parties allaient leur soumettre en vue d’une prochaine signature. Selon une source proche du conseil oecuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), le projet de convention prévoirait en effet un pouvoir symbolique à la fois pour le président de la République, Marc Ravalomanana, et pour le président de la Transition, Andry Rajoelina.

Il est prévu que les deux personnalités désignent ensemble un Premier ministre supposé «neutre», et qui mettra en place indépendamment un gouvernement. Le projet de convention a par ailleurs préconisé la suspension des deux Chambres du parlement tout en prévoyant la création d’un Comité de redressement économique qui compterait une centaine de membres issue de la société civile et politique.

D’une manière générale, le schéma proposé ne diffère pas trop de celui qui a abouti à la convention de sortie de crise en 1991. Sauf que la situation, il est vrai, n’est pas exactement la même.

En toute logique, en tant que président élu pour un mandat de cinq ans, Marc Ravalomanana a du mal a accepté un tel schéma de sortie de crise, d’autant que la Constitution en vigueur prévoit un régime présidentiel fort. Pour sa part, Andry Rajoelina, qui a remué ciel et terre pour l’organisation d’un mouvement de rue qui dure depuis plus d’un mois maintenant, ne pouvait non plus se satisfaire d’un pouvoir symbolique. Un éventuel accord entre les deux parties s’avérait alors assez difficile à concrétiser dans le court terme. Comme attendu, l’archevêque d’Antananarivo, Odon Razanakolona, président du FFKM, se retire de la médiation.

Dorénavant, c’est la logique du rapport de force qui prévaut. Sans doute, Marc Ravalomanana prévoit de neutraliser le mouvement de foule dirigé par Andry Rajoelina, dans les jours ou semaines à venir. Sa récente rencontre avec les principaux responsables des forces de l’ordre l’atteste. Pour sa part, Andry Rajoelina brandit de nouveau sa capacité de mobilisation de ses partisans pour faire la pression sur le président. Les deux hommes parlent pourtant de proche dénouement de la crise. Sans doute l’ont-ils compris, la population n’attend que cela.