Ministres: salaires mulitipliés par 10, résultats promis !

Environ $3500, soit l’équivalent de quelques 25 millions de francs malgaches, c’est le salaire promis par le nouveau président, Marc Ravalomanana, aux membres du gouvernement à partir de ce mois d’août, dans le but de lutter efficacement contre la corruption. Les hauts fonctionnaires, eux, percevront un salaire d’environ 15 millions de francs malgaches. Cela représente, par rapport à la situation actuelle, un salaire multiplié par dix.

La corruption, l’un des vestiges du régime socialiste de la deuxième République, sous Didier Ratsiraka, a continué de gangrener l’administration malgache au cours des dernières années. En réajustant ainsi le salaire des ministres et des hauts fonctionnaires, le nouveau président, qui a annoncé la nouvelle au cours d’une cérémonie d’inauguration de foire dans la région de l’Alaotra, à l’Est du pays, soumet, en même temps, ces collaborateurs à une obligation de résultats. Et il l’a dit clairement.

L’annonce a, comme l’on s’y attendait, fait l’effet d’une bombe. Mais elle a, malgré tout, suscité l’ovation de la foule. Vue par des observateurs plutôt pessimistes, habitués à voir les Malgaches percevoir à chaque fin du mois leur salaire de misère, la décision du président de la République est considérée comme une insulte. Car la majorité de la population continuera, estime-t-on, de connaître la misère. Sauf que, Marc Ravalomanana, sans trop tarder, a promis également une augmentation de salaire, mais de façon « progressive », pour les autres fonctionnaires. Ne pas oublier non plus, explique un inspecteur des impôts, qu’il restera, en réalité, aux ministres, sur les 25 millions de francs, un salaire net d’environ 15 millions, après perception de l’impôt sur le revenu. Les gros revenus étant, à Madagascar, conformément au code général des impôts, lourdement taxés.

Alignement

Le nouveau salaire des ministres malgaches, en outre, permettra d’aligner, quelque peu, le revenu des dirigeants à celui des experts étrangers établis à Madagascar, souvent payés l’équivalent d’une cinquantaine de millions de francs malgaches, voire plus. Alors que ce sont, généralement, les principaux interlocuteurs des membres du gouvernement.

Toujours dans le cadre de la lutte contre la corruption, le président malgache a insisté sur la prochaine mise sur pied de la Haute Cour de Justice. Cette juridiction, déjà prévue par la Constitution depuis une dizaine d’années, aura à juger les dirigeants, ou hauts fonctionnaires d’Etat, soupçonnés de malversations ou autres crimes.

Au sein de la police nationale également, à ce sujet, une campagne de sensibilisation a débuté. Le ministère de la police s’engage, en répondant au souhait des administrés, à une lutte plus efficace contre la corruption.

L’impunité zéro, à l’endroit des membres du gouvernement et des hauts fonctionnaires, en cas de forfaitures, est ainsi subrepticement décrétée.