mardi , 30 avril 2024
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L’ancien premier ministre de la HAT n’a pas encore changé de camp mais sa volonté de faire cavalier seul n’est pas appréciée par ses anciens alliés. Monja Roindefo et le parti Monima ont le vent en poupe et lorgnent avec une certaine ambition sur les élections. Les autorités les ont plus que jamais dans le collimateur.

Monja Roindefo, le nouveau souci numéro un de la HAT

Monja Roindefo a les moyens et le potentiel de contrecarrer le projet présidentiel de Andry Rajoelina. L’ancien premier ministre de la HAT est même en position favorable depuis sa mise à l’écart, épargné par les critiques subies par les autorités de fait depuis les tergiversations ayant suivi les accords de Maputo II. Ses déplacements à l’extérieur, à Paris, en Israël et en Thaïlande attisent la méfiance puisque l’homme est déjà en pré-campagne électorale. Monja Roindefo est-il en prospection pour d’éventuels soutiens financiers, rien n’est moins sûr.

Démonstration de force

A Tuléar, le Monima a réussi un tour de force en tenant un grand meeting politique malgré la dissuasion des militaires. Après un défilé démonstratif dans la ville, Monja Roindefo lui-même a parlementé avec les forces de l’ordre qui bloquaient l’entrée du stade d’Andaboly. Ses partisans ont dû toutefois forcer le barrage pour investir les lieux sans heurts. Plus tard, l’ancien premier ministre a révélé que les militaires avaient fait l’objet d’une réquisition pour utiliser leurs armes qui étaient chargées de balles réelles.

Si un affrontement n’avait pas eu lieu ce jour-là à Tuléar, c’est parce que Monja Roindefo est protégé par une petite armée. Vingt-huit éléments de l’armée régulière assurent sa protection personnelle, un avantage dont il bénéficie en tant qu’ancien premier ministre. Aussitôt, la primature a retiré les militaires assurant la garde rapprochée de Monja Roindefo. « Ils ont été officiellement convoqués pour recensement. En réalité, on leur a retiré leurs armes et les a renvoyé dans les casernes, on les a menacés de les déclarer comme déserteurs », rapporte l’ancien premier ministre. Il avoue son incompréhension mais ne dramatise pas. « Il y a beaucoup de militaires qui veulent me protéger », dit-il avec défiance.

Pré-campagne électorale

Le Monima de Monja Roindefo frappe fort en ce début d’année pour marquer le terrain. L’ancien premier ministre planifie de tenir un grand meeting dans les six grandes villes des anciennes provinces pour souhaiter une bonne année à la population. Derrière les vœux, il y a évidemment un message politique clair. Monja Roindefo est l’un des favoris de la future élection présidentielle. Il l’est encore plus si l’administration Rajoelina réussit à exclure de la course les trois anciens présidents et non moins chefs de file de mouvance.

Monja Roindefo se démarque de la HAT sans toutefois verser dans l’opposition radicale. L’annonce de son ralliement aux trois mouvances, regroupées dans la mouvance Madagasikara a quelque peu surpris. L’ancien premier ministre n’a pas été contre le consensus mais voulait absolument quitter le pouvoir dans les règles. Il avait réussi à rester à Mahazoarivo malgré la nomination d’un autre premier ministre, le temps de soigner sa sortie.

Monja Roindefo a utilisé à bon escient le pouvoir qui lui restait durant cette période de flottement juridique. Aujourd’hui, la HAT essaie de stopper l’ancien premier ministre dans son élan. Pour cela, un autre tuléarien et militaire de son état a été engagé par Andry Rajoelina.