vendredi , 3 mai 2024
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Municipale à Antananarivo : cinq femmes pour un trône

C’était le rush du dernier jour. Au final, ils seront 10 à prendre le départ pour la course à la tête de la mairie de la capitale. 5 femmes s’affronteront, aux côtés de 5 hommes, dans un scrutin où l’Etat a interdit de mettre le nom des candidats dans le bulletin, afin de privilégier le parti au pouvoir qui n’a pas réussi à enrôler les personnalités connues ou ayant une grande notoriété sur le plan local.

Lalao Ravalomanana Rakotonirainy

Lalao Ravalomanana Rakotonirainy

Un boulevard pour « Neny » ! Les partisans de Lalao Ravalomanana sont plus qu’optimistes. L’épouse de l’ancien président a un avantage certain de par la forte base des « zanak’i dada », des anti-Rajoelina et anti-Rajaonarimampianina à Antananarivo. Marc Ravalomanana lui-même a accompagné la candidate du parti TIM à l’OVEC de Nanisana. Un soutien de poids pour une potentielle première mairesse d’Antananarivo. Le souvenir d’une capitale prospère, disciplinée et bien gérée sous le règne du fondateur du Groupe Tiko va influencer les nostalgiques.

Harilala Ramanantsoa de l’Association Mada Vision est un chef d’entreprise très médiatique. Elle est connue pour l’organisation du rendez-vous commercial La Grande Braderie de Madagascar. Son expérience dans la communication et dans l’évènementiel est un atout indéniable. La montagne semble quand même trop élevée. Certes, le succès économique d’un candidat est apprécié par les électeurs, mais les novices en politique ne bénéficient plus d’une confiance aveugle.

Lalatiana Rakotondrazafy (Ph. Riva Press)

Lalatiana Rakotondrazafy (Ph. Riva Press)

Lalatiana Rakotondrazafy court sous les couleurs de l’Association Freedom. La célèbre journaliste radio est théoriquement handicapée par le fait que son association est inconnue des électeurs alors qu’elle n’aura pas son illustre nom sur le bulletin unique. Pas sûr que ce la puisse freiner la montée en puissance de ce personnage médiatique incontournable à Antananarivo. La candidate bénéficie du soutien officieux du MAPAR qui a tout de même une base électorale dans les six arrondissements. Il lui reste à gagner la bénédiction de l’Alliance Ambodivona en particulier celle de Sarah Georget Rabeharisoa. De nombreux Tananariviens auraient aimé voir le parti Maitso sur le bulletin unique.

Véronique Nicole Rajerison est une richissime femme d’affaires qui veut réussir en politique. Pas sûr que porter les couleurs de l’UNRRM soit un avantage dans la course à la mairie d’Antananarivo. La candidate a déjà connu un premier échec cuisant lors des législatives dans un arrondissement acquis aux causes du TIM et du MAPAR. Ce qui ne fait pas d’elle une favorite, toutefois une expérience électorale peut toujours servir surtout quand on a les moyens.

Lalatiana Ravololomanana est une éternelle opposante, mais elle ne dispose pas de crédibilité électorale. Malgré des sorties médiatiques répétées depuis plusieurs régimes déjà, les électeurs ne savent plus pour qui elle roule. Un temps proche de la mouvance Zafy, la politicienne a disputé le statut d’opposant officiel au régime HVM sans avoir trouvé la reconnaissance de l’Etat. En tout cas, la candidate revendique la couleur de l’opposition tout en étant indépendante. Déconcertante.

Antananarivo avait connu plus de reines que de rois avant la colonisation. La société matriarcale, dans laquelle les femmes détiennent légalement l’autorité et le pouvoir, pourrait refaire surface à une époque où l’égalité des genres impose une discrimination positive en faveur de la femme. Nombreux sont toutefois ceux qui croient que la capitale doit être gérée par une main de fer, un homme à poigne.

A. Herizo