Mutinerie d’Ivato : ultime négociation et imminence d’un assaut

Vendredi 19 novembre 2010, vers 10 heures, les quartiers d’Ivato sont déjà assiégés par les militaires fidèles à la HAT. Les voitures sont contrôlées. Le véhicule 4×4 blanc du général André Ndriarijaona a été aperçu sur les lieux. La présence du chef de l’Etat-Major de l’armée à Ivato confirme l’hypothèse de la négociation avant un éventuel assaut. Trouvera-t-il les mots pour convaincre ses compagnons qui ont contribué à renverser le président élu et porté le maire d’Antananarivo à la tête de l’Etat en 2009.    

Jeudi, au lendemain de la première déclaration sur la mise en place d’un comité militaire et la suspension de toutes les institutions de la HAT, les officiers et généraux ont confirmé leur intention, avec différentes étapes prévues. « Nous ne voulons que ce qui est le bien pour l’armée et pour la nation malagasy », a réitéré le Lt colonel Charles Andrinasoavina. L’intention affichée par les mutins est de rétablir la réconciliation nationale en mettant fin à l’hégémonie et le totalitarisme d’une seule mouvance.

Le comité militaire mettra les politiciens protagonistes sur le même pied d’égalité pour la réconciliation et les futures élections. Le mouvement dans le camp d’Ivato réunit des officiers qui ont été proches des différents présidents de la République. Ils répondent à l’appel de ces derniers, ajouté à l’appel lancé par l’ancien premier ministre de la HAT, pour que l’armée prenne ses responsabilités.

Mercredi dans la soirée, le premier ministre et général de la HAT a promis de sanctions sévères à des mutins qui ne sont qu’une vingtaine d’officiers selon ses dires. Andry Rajoelina, le chef de l’autorité de fait, a dénoncé une initiative visant à semer des troubles durant le référendum. Il a répondu aux allégations du « colonel Charles » selon lesquelles, l’ancien « commandant héros » a porté Rajoelina au pouvoir et il prétend pouvoir l’y enlever. « C’est le courage du peuple qui m’a conduit au pouvoir », a déclaré l’élu maire d’Antananarivo. Le coup d’Etat de 2009 aurait donc été civil et non militaire.

En mai 2010, l’Emmo Reg du colonel Richard Ravalomanana et la FIS du Lt Colonel René Lylson ont attaqué les mutins de la FIGN. Le colonel Raymond Andrianjafy et ses hommes avaient sécurisé le mouvement des ecclésiastiques qui a organisé un culte à Andrainarivo. Après quelques heures d’échanges de tirs en l’air et quelques vrais échanges de coups de feux, l’assaut  a été donné au Fort-Duchesne faisant un mort chacun du côté des assaillants et des défenseurs du camp. Dans la foule un pasteur opposant était abattu d’une balle dans le dos

Le colonel Ravalomanana a démenti avoir servi de négociateur dans cette deuxième mutinerie. Selon le commandant de la Circonscription de la Gendarmerie d’Analamanga, le problème relève de l’armée. Il a par contre affirmé que des éléments de la gendarmerie sont prêts à prendre le camp d’assaut. Ils sont effectivement présents en nombre à Ivato, vendredi matin. En attendant, les quartiers environnant la base aéronaval et l’aéroport sont en état de siège.