samedi , 18 mai 2024
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La nouvelle classe dirigeante des armées composée par des partisans de Andry Rajoelina prend position a priori contre l’application d’une convention qui ne correspondent pas à leurs attentes. Déclaration de patriotisme ou un genre de lobbying politique par la force, le communiqué est une mise en garde à l’encontre des médiateurs internationaux et de Marc Ravalomanana.

Négociation à Maputo : les militaires mettent la pression sur les politiciens et les médiateurs

« Toute décision qui ne correspond pas à l’intérêt de la nation ni aux aspirations du peuple ne sera pas applicable à Madagascar ». L’armée met la pression sur les médiateurs internationaux particulièrement  à propos d’un retour à l’ordre constitutionnel. Les colonels Rakotonandrasana, Ndriarijaona, Razafindrakoto, le général retraité de la police Rakotomihantarizaka… s’opposent de manière « catégorique » à un retour du président élu Marc Ravalomanana, évoquant un risque de troubles.

L’armée, la gendarmerie nationale, la police nationale, dans un communiqué conjoint, ont déclaré ne pas s’opposer à la poursuite des négociations politiques à Maputo pour résoudre la crise malgache. La grande famille des forces de l’ordre est aujourd’hui commandée par des partisans de Andry Rajoelina dont la plupart ont participé activement à la prise du pouvoir par ce dernier en mars dernier. Elle met donc en garde contre une résolution qui ne répondrait pas à ses attentes.

C’est une menace, ce n’est que de la mise en garde contre un risque quelconque… les interprétations sont libres. Ce qui est sûr, c’est que l’armée prévient le Groupe international de contact de prendre acte de leur position. Elle soupçonne en effet les médiateurs internationaux de vouloir faire pression sur les mouvances pour qu’une convention soit signée, coûte que coûte, à l’issue de la rencontre de Maputo.

L’intérêt supérieur de la nation évoqué cache une prise de position et un appui en faveur de la mouvance Rajoelina. Cela signifie aussi que l’armée met la pression sur l’autoproclamé chef de l’Etat qu’elle a portée au pouvoir afin que celui-ci ne cède pas dans les négociations. Ces bruits de bottes sont confortés par des déclarations politiques des alliés de la HAT minimisant l’importance de la rencontre entre les quatre chefs de mouvance, affirmant que les choses reprendront là où elles sont si les négociations sont un échec pour le régime de transition en place.

Quelle que soit donc la résolution prise à Maputo, l’armée menace et fait pression sur Marc Ravalomanana afin que ce dernier ne rentre pas au pays. Le commandant Lylson, l’ancien chef d’escadron de la police politique (CNME) promu chef des forces spéciales promet d’appliquer la décision de justice. La HAT a déjà obtenu une condamnation rocambolesque de Marc Ravalomanana dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel appartenant à l’Etat malagasy.

En 1991, la convention politique a été très vite trouvée car l’armée a gardé sa neutralité. L’implication des hommes en treillis dans la prise de pouvoir par Andry Rajoelina complique la donne dans la crise actuelle. Du moins, le chef de l’autorité de la transition a promu les colonels mutins à des fonctions de généraux et a rappelé un général retraité pour maîtriser la police nationale. Si le président Ravalomanana et l’ordre constitutionnel sont rétablis, il faudra amnistier ces héros d’un coup d’Etat déguisé.