jeudi , 2 mai 2024
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Les médiateurs du Groupe international de contact ont beau mettre la pression sur les représentants des quatre mouvances, rien n’y fait. Les préalables autour de la question de l’amnistie n’ont pas sauté. La HAT n’y avait rien à gagner mais tout à perdre.

Négociations au Carlton : les raisons d’un échec

La mouvance Rajoelina n’a pas été la seule à jouer sur deux tableaux, envoyant des négociateurs au Carlton tout en affirmant suspendre les négociations. A la différence des pro-Ravalomanana, les membres de la HAT ont fait une véritable campagne de dénigrement de la médiation du Groupe international de contact (GIC), remettant en cause le statut des médiateurs et leur rôle dans la résolution de la crise malgache.

Malgré la mise en garde du GIC sur la non reconnaissance de la communauté internationale d’un régime de transition de fait ou unilatérale, la mouvance Andry Rajoelina s’est retirée définitivement de la table des négociations parce qu’elle ne veut pas le retour du président Ravalomanana rendu possible grâce à une loi d’amnistie générale. La HAT a fait mine de faire un effort  en proposant une charte de la transition très stratégique et non moins égoïste. 

La transition est effective, elle est de fait. Fort de ce constat acquis auprès des présidents africains Kadhafi et Wade, la mouvance Andry Rajoelina a essayé d’imposer aux négociateurs et aux autres mouvances une charte remaniée qui confirme sa mainmise sur le pouvoir. Les membres de la HAT et du gouvernement de transition restent en place. Au nom de l’ouverture, le quart des ministères, sept qui attendent des nominations, est proposé aux autres mouvances.

Dix sièges supplémentaires à la HAT sont proposés aux sénateurs élus TIM qui sont au nombre de 22. Le hold-up à la majorité touche aussi le congrès de la transition où la mouvance Rajoelina veut nommer plus de « députés » que les vrais élus TIM. Enfin, la loi d’amnistie a été adaptée pour coincer le président Ravalomanana avant que celui-ci ne fasse l’objet d’une condamnation rapide.
 
Bien entendu, la mouvance Ravalomanana a campé sur sa position, qui est aussi celle des médiateurs, sur une amnistie générale des faits et des actes avant la date de la signature. La délégation de la mouvance Ratsiraka a dû aussi batailler pour que ses leaders puissent recouvrer leur droit de citoyen et leur éligibilité. Elle déplore que le camp Rajoelina qui a le contrôle sur l’appareil judiciaire soit en position de force sur le sujet. Les légalistes et pro-Ravalomanana quant à eux insistent sur le fait que la HAT a aussi commis des fautes et aura besoin d’une amnistie. 

Les préalables ont été posés par les mouvances car le GIC a été perçu comme un arbitre ou un juge que l’on essaie de convaincre. Le retrait intempestif des mouvances, excepté celle de Zafy Albert, a fait piétiner les discussions. La remise en cause persistante de la médiation internationale, accusée parfois de parti pris, a envenimé l’atmosphère. Une solution malgacho-malgache a été évoquée. Cela risque de donner de l’importance au rapport de force entre les mouvances. 

La HAT peut, comme elle l’a souhaité, gouverner sa transition de fait, essayant de faire disparaître les trois autres mouvances derrière les participants aux conférences régionales et à la décisive conférence nationale. Les légalistes la contestent, les mouvances Ratsiraka et Zafy ne la reconnaissent pas.