samedi , 27 avril 2024
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Pas de grande marche des citoyens : l’EmmoReg et le GSIS arrêtent Alain Ramaroson
La gendarmerie toujours en première ligne pour empêcher les manifestations publiques non autorisées

Pas de grande marche des citoyens : l’EmmoReg et le GSIS arrêtent Alain Ramaroson

Lui-même se définit comme un militant pour la liberté et la démocratie, le défenseur et ami des petits peuples. Alain Ramaroson est un opposant dans l’âme parce qu’il a toujours fini par s’opposer à tous les régimes, même ceux qu’il a défendus. La grande marche citoyenne n’a pas eu lieu, faute d’autorisation et parce que son instigateur a souhaité éviter un affrontement avec les forces de l’ordre. Ce qui n’a pas empêché les forces d’intervention de la gendarmerie d’arrêter le militant pour un refus de contrôle des papiers de son véhicule !

L’opposant Alain Ramaroson a été arrêté par une équipe de l’unité d’élite de la gendarmerie, les présumés spécialistes de la lutte anti-terrorisme et des opérations à haut risque. Il n’y avait pourtant rien d’électrique, ce samedi 28 mars à Vasacoss à part la cohue des journalistes et de quelques observateurs face à une interpellation apparemment injustifiée. La grande marche des citoyens que le préfet de police a interdite n’a pas eu lieu, mais visiblement, la gendarmerie avait pour ordre d’arrêter son instigateur.

Contrôle routier

La scène est cocasse. Le jeune officier commandant du groupement d’Analamanga s’improvise en agent de police et contrôle le véhicule d’Alain Ramaroson qui est assis à l’arrière. « La carte grise, s’il vous plait », demande-t-il à celui qu’il appelle respectueusement « monsieur le président ». « C’est moi, n’ayez pas de telle mauvaise mentalité, je veux juste passer », rétorque Alain Ramaroson. Face à l’insistance du gendarme, le politicien finit par lâcher «  je ne vais pas la donner ». Devant le refus d’obtempérer, les éléments cagoulés du GSIS interviennent pour sortir le contrevenant de son véhicule. Celui-ci leur somme de ne pas user de brutalité et est sorti par lui-même.

Une manifestation interdite et empêchée

Le fait réel est donc une arrestation pour refus d’obtempérer à un contrôle routier ! Le général Florens Rakotomahanina, à la tête de la CIRGN, la force de répression de toute manifestation publique, tentait tout de même de justifier une arrestation politique pour la tenue d’une manifestation interdite. Or, juste avant son arrestation, Alain Ramaroson a déclaré à la presse que la marche n’aura pas lieu évoquant l’intimidation des forces de l’ordre sur les gens qui veulent rallier le point de départ. « La démocratie est morte dans ce pays », a-t-il lancé. Le fameux « Diabe » avait pour objectif d’alerter les dirigeants sur les difficultés subies par la population tout en réclamant le départ de certains responsables. Il avait reçu l’autorisation de la commune urbaine d’Antananarivo mais a été refusé par le Préfet de Police.

Un gros coup de pub pour l’éternel opposant

Jeté dans la geôle des opposants, à la Brigade de Betongolo, Alain Ramaroson aura réussi son coup à moins que le pouvoir lui réserve une place dans la maison de force de Tsiafahy, là où croupit l’étudiant Berija, condamné pour atteinte à la sureté de l’Etat alors qu’il réclamait la fin du délestage dans les cités universitaires. Il aurait fallu laisser passer la voiture « du président » du parti Maters et la journée est terminée sans que personne n’en parle. Le régime fait une nouvelle victime et fabrique un nouveau héros contre lui, et non des moindres. On aura retenu de ce samedi une arrestation arbitraire et aux allures de kidnapping à cause d’un fait divers récent impliquant un corps d’élite, des gendarmes lourdement armés, un gendarme menaçant des journalistes avec son arme et le coup de grâce porté à la liberté d’expression.

Herizo