samedi , 4 mai 2024
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Les autorités de fait de Madagascar ont toujours revendiqué vouloir changer quelque chose dans le pays. Si le gouvernement a pris des mesures économiques généralement efficaces dans un contexte de marasme, la HAT, cette institution politique sans réelle autorité, veut carrément une réforme en profondeur. Un comité technique est chargé de trouver la manière de relancer l’économie sans l’aide de la communauté internationale.

Politique économique : haro sur l’ouverture internationale de la HAT

C’est Andry Rajoelina, le chef des autorités de fait, lui-même qui aurait demandé aux membres de la Haute autorité de la transition des propositions pour relancer l’économie. Cette institution qui est en fait une assemblée de conseillers politiques dépourvue de réelle autorité a une commission économie et finance. Elle a mis en place un comité technique pour faire des propositions concrètes. Et ce n’est pas une transition dans le système économique malgache mais un changement radical. Difficile pour autant d’imaginer la réussite de la mutation économique voulue par l’actuelle HAT sans un vrai gouvernement et un président de la République reconnus par la communauté internationale.

Justement, le but de ce changement économique est officiellement de se libérer de la pression de la communauté internationale à travers les conditionnalités des aides de tous genres. La HAT fustige l’endettement contracté par le régime précédent pour lancer un programme de développement économique et social. La frustration est évidente quand il s’agit de devoir s’acquitter du paiement des dettes extérieures à un moment où les aides internationales et les financements des bailleurs de fonds sont suspendus. Le concept du Madagascar Action Plan est donc écarté définitivement par les nouveaux maîtres du pays. La HAT préconise une économie souveraine qui n’est pas fermée au monde extérieur, avec le privilège d’échapper à des pressions politiques venant des partenaires.

Les autorités de fait mettent la pression sur les partenaires traditionnels de Madagascar. Même le fameux Lt-colonel René Lylson s’en mêle. Le commandant de la police politique de la HAT prévient les membres  de la communauté internationale qui seraient tentés à appliquer les sanctions annoncées par l’Union Africaine : « s’ils retiennent leurs aides financières, on devrait aussi bloquer leurs activités économiques et leurs intérêts à Madagascar ». Les politiciens alliés dans la mouvance Rajoelina sont moins catégoriques et ne veulent pas compromettre les contrats en cours notamment dans les grands projets miniers. Une telle mesure radicale dissuaderait plus d’un investisseur. La HAT aurait déjà des contacts avancés avec de nouveaux partenaires venus de pays plus pragmatiques et avec moins de principes.

Ces investisseurs potentiels seraient prêts à travailler à Madagascar selon les conditions des autorités malgaches. Point essentiel de la stratégie de la HAT, l’exportation des matières premières sans valeurs ajoutées est à bannir. Ce qui est valable pour le bois précieux devrait aussi l’être pour le minerai. Le concours de ces nouveaux partenaires est espéré afin d’obtenir une exploitation plus  équitable des ressources naturelles du pays. Pour faire participer les opérateurs économiques malgaches, la HAT reprend l’idée du président Ravalomanana de mettre en place une banque nationale de développement. Les conseillers du régime de transition essaient de prendre modèle sur la Chine et trouver un concept national adapté au besoin et au potentiel du pays. Pour le financement de ce vaste chantier économique, elle mise sur un concept de création monétaire qui est encore au stade de la théorie. Ce projet de politique économique de la HAT prépare l’opinion sur une éventuelle défection des bailleurs de fonds et partenaires à l’avènement de la 4ème république… de fait.