lundi , 29 avril 2024
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Antananarivo a connu une fin d’après-midi apocalyptique due à un phénomène météorologique assez rare. Vers 17heures, la nuit est tombée comme une voile noire qui a recouvert la ville. Le vent et la pluie qui ont accompagné cette éclipse d’un autre genre ont semé la panique dans les rues, les gens essayant de regagner au plus vite leur domicile. Le phénomène a été prévisible, mais la population n’a pas été prévenue.

Pollution : Antananarivo plongée dans le noir

Mi-octobre, les fumées qui recouvraient la ville deviennent un peu plus épaisses chaque jour. L’air est sec et chaud au point de faire suffoquer. La météo alterne le chaud et le froid au gré de l’apparition des rayons de soleil. Le service météo a vu juste quand il a prévu que la forte pollution du moment va prendra fin quand la pluie tombera après une dizaine de jours. Ce qui arriva.

Ce qui n’a pas été prévu, c’est le scénario de cette pluie salvatrice qui allait délivrer Antananarivo de l’épaisse fumée qui la couvrait. Mercredi 24 octobre, il faisait beau et le soleil brillait sur la ville. Vers 16h30, le ciel s’est assombri annonçant enfin la tombée de la pluie. A 17 heures, il faisait totalement noir. Le phénomène a été accompagné de vent et d’averses par intermittence.

L’explication météorologique

Ce n’était pas l’apocalypse ni la fin du monde en 2012. Cette éclipse est le résultat de l’accumulation d’une masse de fumée en dessous de nuages. Selon le service météo, ces deux couches empêchaient le rayon de soleil de passer, d’où l’alternance d’ensoleillement et de ciel sombre ces derniers jours. Elles ont fini par devenir opaques.

En dessous des nuages de fumée, la température de l’air est chaude. La couche de fumée a empêché l’air chaud d’atteindre les nuages. La pluie s’est alors fait désirer. Quand elle a fini par tomber, elle a été accompagnée de vent et d’éclair.

Fortes pollutions dans tout le pays depuis septembre

La pollution de l’air à Antananarivo est connue, mais rarement elle a bouleversé la météo de manière aussi spectaculaire. La forte accumulation de fumées a été due aux feux de brousse aux alentours de la capitale. Le désastre écologique est à l’échelle nationale. A preuve, la NASA – la célèbre agence aérospatiale américaine – avait tiré la sonnette d’alarme sur les départs de feux de brousse dans tout Madagascar en septembre 2012.

Le satellite MODIS a photographié des centaines de points rouges avec des fumées. La version officielle faisait état de feux de brousse destinés à la culture sur brulis qui utilise une méthode de défrichement par le feu. La NASA a déploré un impact écologique sur les rivières qui sont de couleur de terre à cause de l’érosion, notamment dans sur la côte ouest de la Grande Ile. 

Les feux de brousse sont en train de ravager la partie ouest de Madagascar. Les hautes terres-centrales et le grand sud ne sont pas épargnés. Dans les régions où sévissent les dahalo voleurs de zébus, bruler les terres relève d’une stratégie pour semer les poursuivants et les forces de l’ordre. Ce qui explique les nombreux départs de feu ces derniers mois.

La pollution de l’air à Antananarivo a provoqué l’apparition de nombreux cas de problèmes respiratoires dans les centres de santé. La chaleur étouffante a aussi créé du stress à grande échelle. Pour ce qui est de l’agriculture, les rizières péri-urbaines commençaient à se dessécher. La récolte du riz précoce n’est pas totalement compromise. De la pluie, il y en aura puisque 4 des 10 cyclones susceptibles de se former dans la région océan Indien passeront à Madagascar. Il y en aura un qui sera de forte intensité.