samedi , 4 mai 2024
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Le gouvernement de transition a certes forcé la main de compagnies pétrolières pour limiter la hausse des prix à la pompe mais la mesure semble faire son effet. L’inflation générale a été limitée après les hausses récentes des prix des produits de première nécessité. Le marasme économique risque de peser de manière plus significative sur les ménages.

PPN : une inflation généralisée sur fond de marasme

Une inflation générale de 1,4% au mois de janvier 2010, c’est presque une bonne nouvelle vu la conjoncture économique que traverse le pays. La dépréciation de la monnaie nationale est à la fois l’effet et la cause d’un marasme latent. L’ariary fait de la résistance face à l’euro qui est contenu en dessous de la barre des 3000 points. Elle a toutefois perdu du terrain devant le dollar qui s’échange désormais à plus de 2150 points. L’appréciation du billet vert américain a donc des impacts directs sur les produits d’importation à commencer les carburants.

Après une hausse d’environ 8%, soit de l’ordre de 200 ariary sur les prix de l’essence, le ministère des Mines a convaincu les compagnies pétrolières à se rétracter. Un compromis a été momentanément trouvé en divisant par deux l’augmentation des prix à la pompe. Le coup « marketing » est réussi pour le gouvernement puisque les consommateurs retiennent plus la baisse de 100 ariary que la hausse du même montant. Quoiqu’il en soit, le seuil psychologique des 3000 ariary le litre est dépassé. L’essence coûte donc environ 1 euro/litre à Madagascar. C’est peut-être moins cher qu’ailleurs mais la comparaison est impossible si l’on prend en compte le pouvoir d’achat : le salaire minimum d’embauche vaut 25 litres d’essence ! 

La hausse des prix du carburant n’a pas précédé l’inflation déjà enregistrée sur les rayons des épiceries. La flambée des prix des produits sur le marché international est répercutée sur le marché local. Le riz, le plus politique des PPN, est encore épargné : seulement +2% sur les produits de l’agriculture locale et +3% sur les denrées importées.  Sur le marché international, la tonne se négocie entre 350 et 400 dollars. Le ministère du Commerce de la transition relativise cette hausse des prix et met en avant la comparaison avec les chiffres de l’année 2009.

Andry Rajoelina avait en effet promis une baisse conséquente des prix du kilo du riz en s’attaquant à la situation de quasi-monopole de Magro sur les produits importés. En un an, la baisse est de -11% en moyenne. Le makalioka, la variété vedette locale s’achète à 1120 ariary contre 1180. Le riz typiquement « gasy » se vend à 1090, soit -105 ariary. La plus grande fierté du ministère du Commerce est la baisse de -7% sur les riz importés descendus à 1030 ariary. Officiellement, c’est le fruit de la libéralisation du secteur encouragée par le régime de transition. Le riz n’a jamais fait l’objet d’un monopole mais la forte domination de Magro, la filiale du Groupe Tiko, sur l’importation a donné cette impression.

L’huile alimentaire a connu une baisse considérable depuis cette « libéralisation ». Si les consommateurs gagnent sur les prix, passant de 4750 ariary à 2650 ariary en un an, il perd considérablement en qualité. Les huiles bon marché à peine consommables ont eu de la peine à se faire adopter malgré la disparition des produits Tiko sur les étalages. La crise des PPN depuis le début de l’année 2010 n’a provoqué qu’une hausse de +5%. C’est moins important que pour la farine qui a flambé avant de revenir à un prix plus raisonnable. Au final, la hausse est de +9% en un mois. Le camouflet est par contre inévitable pour le système de libéralisation de la HAT en ce qui concerne le sucre. La relance de la production nationale par la société Sirama est au point mort. En deux mois, le prix du sucre a augmenté de 36%, atteignant les 2700 ariary le kilo. La promesse de casser les prix des PPN pour justifier le renversement d’un régime élu avait pourtant motivé les manifestants sur la place du 13 mai.