vendredi , 17 mai 2024
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Sur fond de nationalisme et de propagande anti-communauté internationale, épargnant la France qui semble la seule à encourager l’unilatéralisme, la HAT continue d’écarter tous ceux qui se trouvent sur son passage. La SADC et les Etats-Unis ne sont pas favorables à l’initiative électorale de la mouvance Rajoelina au détriment des accords pour la mise en place d’une transition consensuelle et inclusive.

Quelle pression internationale sur Madagascar pour faire plier la HAT ?

Entre la guerre d’influence que se livrent la France et les Etats-Unis depuis le début de la crise politique malgache, les organisations et instances africaines ne se laissent pas dépasser. Selon le sacro-saint principe de subsidiarité, l’organisation régionale SADC est « suivie » par  l’organisation continentale UA, cette dernière déterminant la position adoptée par l’ensemble de la communauté internationale. Du coup, la position des partenaires et bailleurs de fonds de Madagascar sont loin d’être uniformes.

La SADC réitère sa désapprobation du retour de la Haute Autorité de la Transition remise en selle par une simple ordonnance par Andry Rajoelina et cela au détriment des accords signés en présence de la communauté internationale. Pour l’organisation régionale, la poursuite des négociations et la mise en place d’une transition consensuelle et inclusive est la seule issue à la crise politique. Elle demande aux politiciens malgaches de faire preuve d’humilité et de penser à l’intérêt de la nation et ne reconnaît pas l’élection législative concoctée par la mouvance Rajoelina.

La HAT a toujours renié la SADC estimant ne pas avoir de leçon à apprendre des pays la composant, du moins sur la question de la démocratie. De nouveaux moyens de pression ont été discutés lors du sommet de janvier. Les sanctions individuelles qui planent sur les dirigeants dans cette autorité de fait n’ont pas eu beaucoup d’impact. Les sanctions économiques ne sont pas évidentes puisque les avantages douaniers ne sont pas effectifs tant que les exportations envers les pays de la région ne décollent pas. C’est presque en toute logique que l’intervention militaire est évoquée. Certes, cette option reste une proposition du président Robert Mugabe et non une position officielle de la SADC.

L’Union Africaine n’est pas plus armée pour faire pression sur les autorités de fait. La HAT et la mouvance Rajoelina ne cachent pas son désintérêt voire sa méprise envers l’organisation africaine qu’elles accusent d’être favorable au président élu Marc Ravalomanana. Une suspension ou une exclusion de  Madagascar ne constitue donc pas une pression efficace contre la HAT. L’échec de la médiation est même attribué à l’UA qui occupe une place prépondérante dans le Groupe international de contact.

La France adopte un double langage. Elle a vivement condamné la résolution de Maputo III, signée par les trois mouvances sans Andry Rajoelina. Paris semble hésiter entre un retour aux accords initiaux de Maputo I et d’Addis Abeba, d’une part, et l’organisation unilatérale d’élection législative par la HAT. Les autorités de fait espèrent une absolution après l’organisation de ce scrutin pourtant très controversé. La France demande cependant quelque garantie pour la tenue d’une élection démocratique. Elle a ouvert une voie autre que la transition consensuelle mais n’a pas été suivie.

Le département américain est alerté par les actes arbitraires et anti-démocratiques des autorités de fait à Madagascar. Les Etats-Unis ont-ils d’autres moyens de pression que l’éligibilité à l’AGOA. Si la HAT est prête à sacrifier des dizaines de milliers d’empois, c’est justement pour se débarrasser de cette envahissante pression américaine. Toute position contre « cette grande puissance qui a sanctionné le peuple malgache » serait alors légitime. Au nom de la souveraineté nationale, le média de propagande de Andry Rajoelina appelle publiquement le premier ministre Camille Vital à renvoyer l’ambassadeur américain.

SEM Niels Marquardt est accusé « d’avoir trop de haine contre Madagascar » et une dent contre Andry Rajoelina. Si « le langage des américains sont les mêmes que celui des trois mouvances et du mouvement des pasteurs », c’est parce que « le département d’Etat est désinformé par l’ambassadeur ». Des mesures sont demandées « avant que Washington n’envoient ses GI ou ses espions » à Madagascar. Le sentiment anti-américain de la mouvance Rajoelina est beaucoup plus exacerbé que le supposé sentiment anti-français des trois mouvances.