dimanche , 12 mai 2024
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Le Lieutenant-colonel Botomora, incarcéré à la suite de la crise de 2002, est décédé en prison. L'opposition crie au scandale. La question du respect des droits des prévenus est, naturellement, remise sur le tapis.

Quid du respect des détenus de sécurité et des Droits de l’homme

L’opposition n’attendait que cela. La haine tribale est plus que jamais acérée par une poignée de mécontents à la suite du décès, dans la prison d’Antanimora, du Lieutenant-colonel Botomora. Cet officier originaire de la côte-Est de la Grande Ile a été appréhendé en juillet 2002 et, tout de suite, transféré à la maison de force de Tsiafahy pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Il ferait partie, durant la crise de 2002, des principaux artisans du barrage de Brickaville dont l’objectif était, on le sait, d’asphyxier la capitale. La famille du Lieutenant-colonel, à la suite de ce décès officiellement dû à une crise cardiaque, prévoit de porter plainte, accusant le régime de non-respect flagrant des droits des détenus en particulier et des droits de l’homme en général.


Les conditions de détention dans les prisons malgaches ? c’est un secret de Polichinelle ? sont des plus pénibles. Surpopulation carcérale oblige. Nombre de détenus, au fil des années, trépassent dans les geôles. Mais inaperçus. Et, dans plusieurs cas, sans avoir été jugés. Le cas du Lieutenant-colonel a cependant attiré l’attention. Des officiers supérieurs ont haussé le ton. Le gouvernement, consécutivement à un ordre explicite du chef de l’Etat à l’endroit de la ministre de la Justice, semble prêt à accélérer le processus judiciaire devant aboutir au procès des détenus à la suite de la crise de 2002. Le privilège, a priori, ne concerne plus particulièrement que cette catégorie de détenus.


Le sénateur AREMA, Benjamin Vaovao, soutient que l’opposition devra porter plainte, sans savoir toutefois à qui l’adresser exactement. L’on sait aussi que le Lieutenant-colonel Botomora n’est pas le seul souffrant parmi les détenus de sécurité. Le cas de l’ancien Premier ministre lui-même serait inquiétant. Ils sont nombreux, inculpés de forfaiture, à avoir, en prison, un état de santé fragile. L’administration pénitentiaire affirme, malgré tout, avoir accompli son devoir, et que le décès de l’officier n’est pas une conséquence d’un mauvais traitement, encore moins d’une négligence. Aujourd’hui, la situation est telle que, ce cas précis, de l’avis des observateurs, devrait conduire à un débat de fond sur le sujet bien que les avis soient très divisés à propos de ce décès quelque peu inattendu, mais sans doute prévisible.