lundi , 29 avril 2024
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La tension règne toujours sur le terrain, mais le président élu, Ravalomanana, tente de réconcilier tout le peuple malgache à travers un nouveau gouvernement.

Ravalomanana : Forcing pour une solution définitive ?

 » Je suis moi-même surpris par cette décision « , c’est paradoxalement un ministre assez proche du président Ravalomanana qui s’est exprimé ainsi, après la dissolution décidée dimanche du gouvernement de Jacques Sylla. C’est dire que l’initiative a été prise seulement en  » haut lieu « . Un peu à la surprise générale.

En vue de la réconciliation nationale, et conformément au principe de l’accord de Dakar, Marc Ravalomanana vient de dissoudre son gouvernement , et a aussitôt reconduit son Premier ministre, l’avocat Jacques Sylla au même poste. Ce dernier est chargé de mettre sur pied un gouvernement de réconciliation nationale qui, logiquement, verra la participation de partisans du président sortant Didier Ratsiraka. Dans une lettre adressée au président sénégalais, Abdoulaye Wade, le président Ravalomanana a précisé qu’il accepte les principes du plan de sortie de crise proposé par l’OUA afin de régler la crise politique malgache.

Ravalomanana a ainsi émis son accord en vue d’élections législatives anticipées qui, avant la fin de cette année, permettra de désigner une nouvelle majorité. L’éventuelle amnistie pour le président sortant Didier Ratsiraka et sa famille serait également à l’étude. La chaîne de télévision MBS, appartenant à Ravalomanana, en a fait mention hier. Dans certains milieux politiques, on évoque sans cesse l’opportunité de la décision, car Didier Ratsiraka s’apprêtait d’assister à la réunion de l’organe central de l’OUA qui se penchera sur la crise malgache d’ici quelques jours. En cas d’accord avec l’organisation panafricaine cependant, ce sera le Premier ministre Sylla qui y participera.

Conquête

La dissolution du gouvernement Sylla, dimanche, est néanmoins intervenue à un moment où, sur le terrain, la situation politique ne cesse d’évoluer : les troupes gouvernementales contrôlent actuellement près de 90% du territoire national, et les partisans de Didier Ratsiraka continuent de semer la terreur à certains endroits. Même à Antananarivo, les actes de terreur semblent redémarrer. Six hommes armés, dont l’un a été appréhendé, ont été aperçus par des témoins, au cours du week-end, sur le point de faire sauter un pont en plein centre ville. Et les affrontements se poursuivent dans les quelques villes sous le contrôle des gouverneurs pro-Ratsiraka.

La justice populaire succède cependant souvent aux opérations militaires de maintien de l’ordre, comme à Mahajanga (Ouest) où des commerçants – des Indiens et des Pakistanais surtout – ainsi que la chaîne de télévision M3TV ont été la cible de pillages, en guise de  » vengeance « . Car ils sont réputés avoir eu des contacts avec le camp Ratsiraka. Ce qui risque fort, apprend-on d’une source locale, de se reproduire à Toamasina.

Depuis la fin de semaine, le gouvernement Ravalomanana contrôle quatre provinces sur six – Antananarivo, Fianarantsoa, Toliary et Mahajanga – et est en train de conquérir la totalité des deux restantes. Les deux gouverneurs restés fidèles à Didier Ratsiraka, ne contrôlent plus désormais que la moitié des deux provinces d’Antsiranana (Nord) et Toamasina (Est).

Si la mise sur pied d’un gouvernement de réconciliation nationale est accepté par Didier Ratsiraka et l’organisation panafricaine, le redémarrage des activités économiques pourrait avoir lieu dans un bref délai dans la Grande Ile, car la proposition de sortie de crise de l’OUA prévoit le déblocage des avoirs de Madagascar à l’étranger et l’appui financier des partenaires de Madagascar en vue de la reconstruction du pays.