dimanche , 5 mai 2024
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On aurait pu croire que Andry Rajoelina voulait assumer le changement anticonstitutionnel de gouvernement, l’euphémisme indiqué pour un coup d’Etat. Le chef de la transition ne renonce pourtant pas à convaincre la communauté internationale. Son argument repose sur la souveraineté et une présumée volonté populaire.

Reconnaissance internationale : Andry Rajoelina courtise les chancelleries

Par une lettre, le président de la HAT essaie de convaincre les chancelleries et les organismes internationaux présents dans le pays que « la République de Madagascar n’entend pas renier son appartenance à la grande famille internationale ». Après des grands discours sur le refus de toute ingérence et une volonté politique à devenir indépendant des bailleurs de fonds traditionnels, Andry Rajoelina fait profil bas pour essayer de garder les liens avec la communauté internationale qui pourrait prendre de la distance ou pire, des sanctions.

Andry Rajoelina essaie de justifier son initiative « unilatérale » en formant son propre « gouvernement de consensus ». Après le rejet par la SADC de cette première institution qui prétendait s’inscrire dans l’esprit des accords de Maputo, le président de la HAT essaie de limiter la casse. De la position de cette organisation régionale dépend en fait celle de l’Union Africaine qui influence l’attitude à adopter par l’Union européenne et les autres instances internationales.

Selon Andry Rajoelina, Madagascar « ne peut pas faire fi de l’interdépendance au sein du village planétaire, mais dans le respect de la souveraineté et des intérêts bien compris de chaque partie ». Ainsi, il rappelle l’intérêt de la « population malgache » qui coïncide avec celui de la mouvance Rajoelina. « Nous ne repoussons pas la prise de responsabilité de la Communauté internationale, cependant, nous lui demandons de comprendre les causes racines de la volonté de changement manifestée par le peuple », écrit le chef de la transition.

Pas question pour autant de lâcher du lest. «Les véritables aspirations populaires nous intiment à refuser toute compromission parce que la volonté populaire et la souveraineté nationale ne sont pas négociables tout comme elles ne peuvent pas être confinées dans la sphère des calculs politiques, voire du chantage ». Andry Rajoelina ne veut donc pas négocier que ce soit auprès des instances internationales ou avec les autres mouvances, tout en demandant la reconnaissance de son régime de transition de fait.

Le message est simple : refuser Andry Rajoelina, c’est renier la population malgache dont « la détermination a abouti à la mise en place de la HAT ». Estimant avoir déjà fait trop de concession, Andry Rajoelina rappelle que sa mouvance a maintenu le dialogue avec les différentes mouvances que ce soit à Antananarivo ou à Maputo, tout en prenant « la lourde responsabilité de conduire la mise en œuvre des véritables aspirations du peuple ».

La propagande de la HAT fustige « l’intransigeance de la communauté internationale » qui ne veut pas reconnaître un régime issu d’un coup d’Etat populaire. La lettre écrite par Andry Rajoelina est annoncée comme permettant aux représentants de pays et d’organismes résidents à Madagascar, qui refusent de voir la réalité, de comprendre les motivations du sacrifice fait par le peuple malgache désireux de changement. Bref, l’idée est de faire oublier les accords de Maputo tout en insistant sur la souveraineté d’un peuple qui a décidé de renverser son président. En somme, un noble coup d’Etat. La lettre de Andry va-t-elle faire mouche ?