vendredi , 3 mai 2024
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La tête du dénommé Arthur Rabefihavanana, recherché pour vols de zébus et assassinats, est enfin mise à prix. Impuissantes et ridiculisées, les forces de l’ordre mettent les bouchées doubles en encourageant la délation et surtout en payant celui ou ceux qui captureront le grand chef des dahalo. Pas de chasseur de prime, mais des groupes d’hommes courageux pour pallier l’inefficacité aberrante de l’armée. Encourager les civils à faire le gendarme est totalement irresponsable vu le risque de guerre tribale dans le sud du pays.

Remenabila, l’insaisissable homme qui vaut 120 zébus

120 millions d’ariary, c’est la somme que propose l’Etat Major Mixte pour mettre la main sur l’homme le plus recherché de Madagascar. Pour toute information permettant à la localisation et à l’arrestation du grand bandit Remenabila, une récompense de 20 millions d’ariary est offerte. Le gros lot de 100 millions d’ariary sera réservé à ceux qui captureront le dahalo. Le discours à changé : on veut Remenabila mort ou vif.

Qui peut tuer Remenabila ? Le général Manakay a échoué à la tête de plus 200 hommes. Il a pourtant affiché son expertise dans ce genre d’opération. Il fanfaronnait en provoquant le chef de dahalo qui serait un lâche, car celui-ci n’ose pas affronter les soldats venus l’arrêter. L’opération est un fiasco. Pire, des dizaines de villages ont été brulés sous prétexte qu’ils abriteraient des proches de Remenabila ou accueilleraient ce dernier. Le général Manakay assume et parle d’une stratégie normale pour décourager l’ennemi.

Le ministère de la Défense affirme que des résultats ont été obtenus dans l’opération Remenabila. Les récompenses servent-elles à motiver un commando qui va faire l’opération. Ce serait reconnaitre que les éléments déployés dans le sud n’étaient pas assez motivés. Même si la localisation de la milice de Remenabila forte d’au moins 300 hommes est impossible à préciser, on sait quand même où chercher.

Seulement, entrer dans les « Kizo », le relief accidenté typique de l’Afghanistan et dans les forêts qui couvrent la piste des zébus volés serait une opération suicide. Les issues de ces Kizo qui donnent vers les abords des routes ou de certaines plages ne sont pas inconnues. L’armée n’a pas jugé utile de bloquer ces issues. 

120 millions d’ariary, c’est le prix de 100 à 120 remenabila, ces zébus à la peau rougeâtre et aux cornes déformées. Cette récompense vise essentiellement, d’une part, à encourager la délation pour obtenir des informations sur la cachette ou tout simplement le campement du chef de dahalo. Les 100 millions suffiront-ils à motiver les hommes de Remenabila à trahir ce dernier. Comme la capture est dans ce cas très improbable, l’armée veut le dahalo mort.

Et si c’était une autre milice de dahalo qui est attendue pour attaquer la bande à Remenabila. Les attaques de villages dans les régions Atsimo Antsinanana et Anosy ressemblent à des vengeances sur fond de guerre tribale non déclarée. Cette récompense de 120 millions d’ariary risque de motiver les assaillants sous prétexte d’une opération visant à débusquer le chef des dahalo.

Le ministère de la Défense appelle par ailleurs les populations dans le sud à participer à la traque de Remenabila. Le général Manakay avait déploré que des chef-lieux de commune n’arrivent pas à repousser les dahalo alors que des petits fokontany courageux le font.

Les quatre régions dans le sud du pays vont-elles réellement envoyer 4000 hommes pour combattre Remenabila, lassées par l’inefficacité de l’armée. Si un affrontement avait lieu, le carnage est inévitable. Au final, le ministère des Finances aurait dû donner son argent aux soldats qui iront au combat pour arrêter ou abattre Remenabila.