samedi , 18 mai 2024
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La commémoration du 11 février 1975, le jour de la mort du président Richard Ratsimandrava a été un peu plus célébrée que d’habitude. Ce n’était pas encore digne d’un jubilé de 35 ans mais au moins, il y a une volonté de reconnaissance et d’entretenir la mémoire de celui qui n’avait pas refusé son devoir le 05 février 1975. Du colonel assassiné, le discours est aujourd’hui recyclé pour convaincre le peuple.

Richard Ratsimandrava : un discours éternel

Des officiers de la gendarmerie et des personnalités politiques se sont donnés rendez-vous devant le stèle commémoratif du général Richard Ratsimandrava, le 11 février 2010, afin de marquer le 35 anniversaire de la mort de l’ancien chef d’Etat. Le colonel à l’époque venait de recevoir des mains du général Gabriel Ramanantsoa le plein pouvoir, cumulant le rôle de président de la République et de premier ministre. « Votre geste est un événement important dans l’histoire de la nation. Cela me touche le cœur que vous m’ayez choisi pour diriger le pays », déclarait alors le nouveau chef d‘Etat.

« Tsy hiamboho adidy aho, mon général ». C’est la phrase que l’histoire aura retenue de Richard Ratsimandrava : « mon général, je ne vais pas tourner le dos à mon devoir, parce que, en ce moment difficile que notre nation traverse, on a besoin d’une personne qui prend ses responsabilités ». Celui qui était le ministre de l’Intérieur du gouvernement Ramanantsoa faisait allusion à son collègue Didier Ratsiraka aux Affaires étrangères, qui s’est vu proposer le poste en premier mais a posé beaucoup de conditions.

Voici les grandes orientations politiques du chef d’Etat Richard Ratsimandrava que l’intéressé présentait à ses ministres le jour de sa prise de fonction. « En résumé, c’est le chemin tracé par le peuple lors du référendum du 08 octobre 1972 que nous allons suivre : le développement du pays par le biais du fokonolona (communauté) et la nationalisation de l’économie afin qu’il n’y ait pas de redistribution injuste des richesses, pour que la nation nage dans la vérité et brille dans le monde. Tout ce qui sera entrepris par l’administration sera au bénéfice des communautés… et cela sera fait avec amour ! »

Le discours de Richard Ratsimandrava a été repris par celui qui prétend avoir reçu le plein pouvoir des officiers généraux d’un directoire militaire, 34 ans plus tard. « Nous allons trouver rapidement le moyen d‘éviter l’inflation et le chômage… de mettre en place la décentralisation du pouvoir. Je n’accepterai pas des manquements à ces objectifs parce que chacun de vous promettez de les réaliser ». La ressemblance est sidérant quand le discours s’adresse aux citoyens : « A vous, peuple malagasy, les difficultés que le pays est en train de traverser sont en cours de résolution. Le nouveau gouvernement est mis en place. Je vous invite solennellement à rester vigilant devant les manipulations qui pourraient encourager les affrontements et diviser le pays ». 

Enfin, le discours sur la souveraineté nationale a été littéralement copié-collé dans un autre contexte : « Les  malagasy sont réputés savoir vivre avec tout ceux qui sont disposés à respecter leur souveraineté et qui ne se mêlent pas de ses affaires internes… Les investisseurs et les opérateurs économiques sont libres de travailler à condition qu’ils respectent les lois et le plan de développement du pays. C’est pareil pour les représentants diplomatiques qui travaillent au pays et qui sont prêts à respecter les conditions fixées pour que Madagascar +se lève+ sur la scène internationale ». En tout cas, le copiage du discours de Ratsimandrava a bien servi un mouvement populaire sur fond de populisme en 2009.